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La Mare Rouge - Page 18

  • Dernier jour

    On habite Lyon, Paris, Meudon, Avignon, Marseille, Amiens, le Havre

    on se promet de s'écrire, de se revoir, de ne jamais se perdre de vue

    On croit sincèrement que la tribu éphémère qu'on a inventée pendant 15 jours

    va durer toutes nos vies

    Les monos chantent Les retrouvailles de Graeme Allwright devant le car

    et ça fait pleurer tout le monde, même le dirlo

    Les filles amoureuses du mono à la guitare tendent leurs adresses griffonnées sur un morceau de papier

    Les garçons amoureux de Katia Bertin lui offrent un bracelet rasta, un cheval qui change de couleur avec la météo, une broche en coquillage

    je n'ai pas acheté de souvenirs on m'a volé mon argent poche le jour de mon arrivée

    mais j'ai appris à me raser les jambes avec un bic orange

    La veille il y a eu la boum de départ

    le garçon qui n'a pas osé dire durant tout le séjour

    a dit

    On a dansé un slow

    sur Hello de Lionel Richie

    Il avait les mains moites j'étais parfumée au déo Impulse Vanilla

    c'est malin on part demain.

     

     

     

     

     

  • ordre du monde

    C'est un jour de grande courtoisie dans le métro. Chacun cède sa place à l'un de ses compagnons de voyage dans une chorégraphie subtile et minutieuse. L'adolescent se lève pour la jeune femme et son enfant, la jeune femme pour le vieil homme à casquette, le vieil homme pour la dame enceinte, la dame enceinte pour la jeune fille à béquilles, si bien que l'on se met à fantasmer une communauté aussi harmonieuse et ajustée au-delà de la troisième voiture de la ligne A. Heureusement, le coup d'épaule et la roue de valise qui vient écraser mon pied à la sortie du quai me ramènent à une juste appréhension de l'ordre du monde.

  • confidence

    Un ami me raconte combien il est déconcerté d'apprendre que son ex, depuis leur séparation, s'est prise de passion pour la plongée sous-marine, elle qui était complètement phobique de l'eau.

    Je ne sais que faire de cette confidence.

  • impact

    Mais, vous savez bien,
    cher ami,
    que tout est question de relativité.
    Preuve en est qu'un astéroïde
    frôle la terre
    quand il passe à 200 000 km d'elle.

  • Livret de développement durable

    Le jour de notre premier anniversaire de rencontre, elle m'a demandé de couper mes cheveux. A l'époque, il y a deux ans, je les attachais en une espèce de catogan informe qui seyait mal à ma qualité de cheveux fins selon elle. J'avais adopté cette technique de coiffage en 1989, l'année de l'obtention de mon baccalauréat, et je n'en avais jamais changé.

     

    - Tes cheveux sont filasses, Michel, tu devrais les couper

     

    Elle a insisté pour le faire elle-même. Je m'inquiétais de la quantité de cheveux que je voyais tomber sur mes épaules et surtout de l'aspect final de la coupe car la question de la frange, entre autres, est délicate, chacun le sait. Ma mère m'a longtemps coupé les cheveux et j’arbore sur toutes les photos jaunies de moi entre trois et quinze ans une frange droite et trop courte qui s'accorde d'année en année de plus en plus mal avec la forme oblongue d’un visage au menton pointu. J'ai vu tomber ma chevelure terne par mèches jusqu'à me découvrir un crâne quasi lisse. Elle semblait très satisfaite de ma nouvelle tête. Elle jubilait même. Je serai un nouvel homme, cette coupe marquerait le début d'une nouvelle ère dans ma vie professionnelle, les gens manifesteraient plus de respect à mon égard. Je n'étais pas convaincu (je ne me suis d'ailleurs jamais habitué à ces cheveux coupés à ras qui me donne l'air d'un évadé de goulag) mais elle avait l’air si heureux.

    C'est six mois plus tard qu’elle a exigé que je muscle le haut de mon corps car elle me trouvait trop fluet. Mes jambes et mes fesses étaient assez musculeuses, mais mon torse lui donnait l'impression de serrer un corps de petit garçon maigrelet et ça la rendait nerveuse. Elle voulait sentir du muscle sous les mains quand elle m'agrippait pendant l'acte. Elle disait l'acte. Tu es prêt pour l'acte ? et elle me chevauchait sans attendre la réponse. Elle grimpait et enfonçait mon sexe semi-dur dans son vagin, puis elle saisissait mes pectoraux et les tambourinait en alternance. J'aurais voulu parfois changer de position mais chaque tentative avait été vaine. Elle me rabrouait violemment et se finissait toute seule en se frottant sur mon ventre quand je ne parvenais plus à durcir. Toute tentative de rébellion tardive semblerait grotesque aujourd'hui. Je dois avouer, d'ailleurs, que ce scénario m'a parfaitement arrangé lors de nos premiers rendez-vous sentimentaux et sexuels. Je n'étais pas homme à prendre des initiatives. Mon tempérament timoré m'a toujours éloigné des postes à responsabilité et ma vie intime ne venait pas contredire cet état de fait. Lorsque nous avons emménagé ensemble quelques mois après notre rencontre sur le site Adopteunjules, Clémence n'a pas eu de difficulté à imposer son règlement intérieur dans notre logis, à tous les niveaux d'organisation de notre vie amoureuse. 

     

    - Ton buste n'est pas assez puissant, tu dois le renforcer, tu vas finir par ne plus m'exciter.

     

    Elle a programmé des séances de musculation et s'est désignée comme mon coach particulier. Quand je lui ai fait remarquer que je ne lui connaissais pas de dispositions spéciales d'entraineuse sportive, elle m'a semoncé brutalement. Elle se sentait tout à fait capable de créer des exercices spécialement conçus pour moi en s'inspirant de tutos de youtubeurs. Il fallait que j'y mette du mien si je voulais continuer de lui plaire. Il n'était pas question que je me laisse aller. Tu sais bien que j'éprouve un grand mépris pour ces hommes qui, sous prétexte de vivre en couple depuis quelques mois ou années, se permettent de laisser pousser du gras ou de négliger des parties de leur anatomie en considérant comme acquis le regard désirant de leur compagne. Elle n'était pas femme à se contenter d'un ersatz de mâle. Elle voulait du dur et du lisse. D'ailleurs ces poils épars sur mon corps la débecquetaient. Elle a fini par me l'avouer un an plus tard.

     

    Elle m'a alors voulu imberbe de la tête aux pieds.

     

    Elle a entrepris de m'épiler complètement avec une substance fabriquée par elle. Elle a trouvé sur internet une recette de cire orientale au musc de chevrotain mais la matière s'étant avérée trop peu adhésive, cette séance d'épilation intégrale avait duré treize heures durant lesquelles j'avais la sensation que mon corps se détachait en lambeaux à chaque arrachage de bande. L'épilation de la base de mon pénis, de mes bourses et de mon anus avait été un supplice pendant lequel elle chauffait toujours plus la cire afin qu'elle adhérât mieux, sans succès. Mes gémissements ne faisaient qu'exaspérer son impatience à me voir enfin totalement glabre. J'avais fini la journée brûlé au 3e degré sous son regard exaspéré. Mais elle était parvenue au résultat espéré. J'étais lisse comme un galet du Havre.

     

    - Badigeonne-toi de margarine si tu veux apaiser la sensation de brûlure. Moi, je vais me coucher, cette journée m'a épuisée et on ne peut pas dire que tu m'aies beaucoup aidée avec tes réflexes de chochotte. Je suis très déçue de ton attitude.

     

    Elle m'avait fait la tête durant quelques jours, le temps de la cicatrisation, puis avait voulu considérer son œuvre. Elle en a été tellement réjouie qu'elle m'a plaqué au sol et s'est agitée convulsivement au-dessus de moi en manifestant à haute voix son contentement de me voir à présent si musclé et si poli. Elle regardait tour à tour ma poitrine et la base de mon sexe imberbe et a été prise d'un long orgasme un peu effrayant.

    Son regard sur moi est resté concupiscent durant quelques jours encore. Elle se léchait littéralement les babines quand elle me croisait dans l'appartement et me mettait systématiquement la main aux fesses quand j'étais penché sur l'évier pour faire la vaisselle. Elle m'a permis, même, pendant ce court temps d'idylle d'utiliser la télécommande et de choisir le programme du soir pendant lequel elle tripotait rageusement mon sexe à travers le pyjama écossais offert en témoignage de son nouvel élan amoureux.

    La lune de miel n'a pas duré longtemps. Les mois suivants ont été une succession de manifestations  d'indifférence à mon égard et de réprimandes banales représentant le quotidien de toute vie de couple, je suppose. Elle était mon unique expérience en la matière. Je n'ai même jamais vécu en colocation durant mes années étudiantes. Mon unique compagnon de vie a longtemps été un chat acariâtre offert par une voisine qui avait voulu s'en séparer car il mettait sens dessus dessous son appartement, déchirait ses affiches, mutilait ses livres, griffait ses vêtements, pissait dans ses chaussures, ses sacs et son grille-pain, attaquait sauvagement ses invités, sautait sur le sexe de ses amants endormis. Elle n'en pouvait plus et m'avait supplié de le prendre chez moi car elle n'avait pas cœur de l'amener à la SPA où il serait certainement piqué car personne ne voudrait l'adopter. Je me suis laissé attendrir par ses arguments qui laissaient entrevoir une âme charitable dans un joli corps émouvant. Elle ne m'a jamais plus rendu visite et a déménagé. La personnalité psychotique du chat a fini par m'éloigner du peu d'amis que j'avais alors. J'ai vécu 8 ans avec lui, jusqu'à ce que je rencontre Clémence qui a posé comme immédiate condition à la poursuite de notre relation la disparition de la bête : elle est allergique à tout poil animal. Je m'en suis séparé. Il vit à présent dans le jardin de ma mère qui refuse de le laisser entrer dans sa maison. Il m'arrive, bizarrement, de regretter aujourd'hui sa présence hostile et malveillante. Huit années de vie commune ce n'est pas rien.

     

    - Je ne supporte plus ton visage.

     

    Elle avait beau se concentrer, à présent, sur le reste de mon corps pendant l'acte, elle finissait toujours par revenir vers son extrémité et ne voyait plus qu'une forme franchement démoralisante.

     

    - C'est bien simple, Michel, je ne peux plus jouir.

     

    Elle ne me regardait plus en face quand elle me parlait. Si, par hasard, elle m’apercevait dans le reflet d'un miroir (c'est arrivé un jour), elle sursautait et mettait la main devant sa bouche en signe de nausée incontrôlable. J'avais de la peine pour elle. Je ne m'étais jamais trouvé très attirant et, à présent, son joli visage délicat, ses grands yeux violets voyaient enfin l'homme si peu affriandant que j'étais et je ne donnais pas cher de ma condition privilégiée d'homme désiré si je continuais d’exhiber cette figure banale. Je savais que son acteur préféré était Michaël Fassbender. Elle avait plaqué partout dans la chambre des affiches et photos de lui, notamment au-dessus du lit, et je la soupçonnais de s'aider de ces images pour parvenir à l'orgasme depuis que son aversion pour mes traits s'était manifestée de manière irréversible. Je ne pouvais l'en blâmer après tout. Une femme aussi raffinée qu'elle méritait le meilleur d'un homme. Son beau corps de 45 ans n'aurait pas de mal à trouver un nouveau compagnon de vie. J'en avais conscience. J'étais sa cinquième histoire sérieuse. Les hommes qu'elle avait rencontrés avant moi sur Adopteunjules s'étaient tous très mal comportés avec elle. Des salauds, des violents, des manipulateurs, des pervers-narcissiques qui l'avaient fait souffrir et avaient fini par la dégoûter de l'espèce virile.

     

    - Toi, Michel, tu es différent, je le sais, je vais pouvoir gagner ma résilience à tes côtés. Débarrasse-toi de cet infâme chat et cherchons un appartement près de mon lieu de travail. Tu seras un peu loin du tien, c'est vrai, mais je pourrai prendre en charge notre intendance et le confort de notre habitat pour que tu n'aies à t'occuper de rien le soir quand tu rentreras fatigué de ta journée de travail et de ta longue route. 

     

    Je rentrais, en effet, après 1 h 30 de trajet, exténué de ma journée de travail, dans un quartier dans lequel il était impossible de se garer, mais le repas était rarement prêt et Clémence était de moins en moins présente prétextant des cours de salsa ou de pole-dance avec les copines de son service. L'idée qu'elle ait un amant commençait à chatouiller mon imagination. Elle ne parvenait plus à s'habituer à ma tête, il ne fallait pas que je laisse dégénérer la situation.

    J'ai prétexté un stage professionnel d'un mois pour lui réserver la surprise d'un nouveau visage à son goût. Elle a eu du mal à me laisser partir mais a fini par accepter à cause de la promotion alléchante à l'issue de la formation.

     

    J'ai vidé mon Livret de développement durable.

     

    Je suis revenu de mon séjour dans une clinique de Budapest en sosie de son acteur préféré. Elle a été si enthousiasmée de la métamorphose qu'elle a pris un congé de trois semaines pour rester enfermée dans notre appartement afin de profiter du nouvel homme. J'ai perdu mon travail car je n'ai pas osé demander un nouveau repos après mes quatre semaines d'absence dans l'entreprise. Mais ces jours ont été les plus délicieux de ma vie. Elle m'appelait sa créature, n'en finissait pas d'admirer mon corps, de passer ses petits doigts fins et manucurés sur mon visage et ma peau. Elle m'a demandé de changer de prénom. Michaël, c'est cela qu'il me fallait, à présent. J'acceptai volontiers, je n'avais jamais aimé le prénom choisi par ma mère.

     

     

    Depuis, quelques jours, son regard sur moi s'est de nouveau endurci. Elle dit revoir les traits de Michel sous ceux de Michaël. Cela la gêne.

     

    - Quelque chose a raté dans cette opération chirurgicale. Tu as dû choisir un médecin au rabais, tel que je te connais. Ton menton pointu est bien toujours le même qui me nargue sournoisement. Ton indifférence à mon bonheur est parfaitement désolante. J'ai tellement fait pour toi. Tu ne vaux pas mieux que tous les hommes que j'ai connus avant toi, j'en viendrais presque à regretter René qui m'en a pourtant fait tellement baver.

     

    Je n'ai pas osé lui dire pour mon travail. J'attends le moment propice. Je lui cause déjà bien assez de soucis comme cela.

     

     

     

    photographie : Frédéric Fontenoy (http://www.fredericfontenoy.com/)

  • Métamorphose

    La première fois que j'ai vu ce pli, ici, je me suis dit que ça devait être une erreur. Je pensais ça va passer. Je me suis interdit de regarder cet endroit pendant trois jours. Ne regarde pas et tu verras, dans trois jours, ça aura disparu. C'est ce que j'ai fait. Mais, au bout de trois jours, la chose était encore là. Et, même, le phénomène s'était intensifié. Un vrai sillon profond, bien décidé à exister complètement et à prendre ses aises dans l'espace qu'il avait commencé d'occuper.

     

    Après l'histoire du pli, tout s'est enchaîné très vite. Mais à une vitesse tellement fulgurante que j'ai pensé à une plaisanterie. D'ailleurs, au moment précis où tout cela s'est déclenché, j'ai cru à une grande farce générale et orchestrée. Une sorte de caméra cachée de l'existence, voyez-vous ?

     

    Cette partie là s'est avachie, ensuite. Tout d'un coup. Brutalement. Ah mais si, je vous assure, brutalement. J'ai même ressenti physiquement l'avachissement, très précisément. Attendez, je peux vous retrouver la date... Voilà, j'ai noté : "Lundi 17 janvier 2018 à 17 h 44 : avachissement de la partie droite inférieure sur 20 cm. Sensation brutale et soudaine TRÈS DESAGREABLE confirmée par vision partielle de la surface dans le miroir de la salle de bain". Je ne vous mens pas. D'ailleurs, tout est consigné dans ce journal. Je veux que cette expérience serve de témoignage. Je l'ai voulu dès que j'ai senti que ça n'allait pas s'arrêter, là et qu'au contraire, tout ne pouvait qu'empirer. J'ai acheté ce carnet Moleskine exprès (le petit format, noir, à lignes portées) et j'ai noté, jour après jour, puis heure après heure, et enfin minute après minute (puisqu'il en est ainsi à présent) la détérioration foudroyante de toute la surface du corps.

     

    Le lendemain du 17 janvier, la partie inférieure gauche s'est écroulée. Puis, ce fut le tour de toute la partie supérieure de l'anatomie. En quelques jours. La peau des bras (voyez : 21 janvier 2017, 04 h 55), d'abord le gauche, puis le droit. Deux pauvres longs bâtonnets difformes et flasques.  Ensuite, le haut du buste : une ride verticale est partie du bas du cou et a cheminé jusqu'au milieu de la poitrine. Elle s'est d'abord dessinée verticalement, puis s'est creusée en profondeur en quelques minutes. A proximité, des centaines de petits sillons ont soudain foré la peau tandis que celle-là même s'effondrait et rendait bientôt méconnaissables les deux seins qui, autrefois (c'est-à-dire, il y avait quelques jours à peine) étaient encore de petites pommes appétissantes et fermes. (Une amie chère m'a dit depuis, que ses seins qui ressemblaient il y a peu à de "petites mignardises" s'étaient transformés en une nuit "en de minuscules pruneaux secs").

     

    Hier, mercredi 7 février, j'ai assisté impuissante, à la sortie de ma douche matinale, au blanchissement instantané de tous mes poils pubiens.

     

    Je pourrais vous lire la liste exhaustive de toutes ces dégradations quotidiennes mais je crois que cela vous ennuierait. Je vous vois d'ailleurs commencer à bâiller. C'est bien normal. Cependant, comme la désagrégation de mon visage a lieu à présent, au moment-même où nous parlons, je vous invite à observer par vous-même l'opération sauvage de désintégration finale. Tenez, je sens, en cet instant présent, ma paupière gauche fléchir et ramollir. Prenez le temps d'examiner le phénomène. C'est étonnant, non ? Oui, vous avez raison, c'est un processus aussi déconcertant que captivant. Ah, j'étais sûre que je finirais par vous intéresser. La métamorphose a toujours été l'un de mes thèmes préférés en littérature, voyez-vous.

     

    Mais l'expression de votre visage m'inquiète un peu. J'y vois de l'effroi, me trompé-je ? Je n'ai pas besoin de me regarder dans une glace pour savoir que le tableau achevé de la décomposition existe enfin. Vous en êtes le premier spectateur. Remarquez bien, je ne sais pas si c'est une aubaine, pour vous. A 16 h 35, vous êtes reçu par une femme mûre (on dit cela ?) mais encore présentable ; vous repartirez avec l'image d'une vieillarde définitivement abîmée... un vieux squelette en putréfaction, si vous restez trop longtemps ! Excusez-moi, je ne peux m'empêcher de rire à cette idée. Sauvez-vous vite avant que je ne me démembre littéralement sous vos yeux. Allez ouste !

     

    OUSTE.

     

     

     

     

     

    Illustration : Histoire de Merlin, France (Poitiers), 1450-1455. BnF, Français 96, fol. 62v

  • Prohibition


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  • GERBILLE

    Errance matinale dans "le bloc scientifique" de l'ESPE à la recherche d'une salle d'examen. Terra incognita. Dédale de couloirs, galeries, corridors, sas, halls, escaliers, tous hostiles.
     
    A la neuvième porte poussée, j'ai la vision hallucinée d'une femme en blouse blanche courant après un rongeur à longue queue brune entre des tables de laboratoire.
     
    - Oh. Un rat !
    - Pas un rat, une GERBILLE.
     
    Alice au pays des éprouvettes manifeste un ostensible mépris envers mon inculture et poursuit sa course sans prendre le temps de m'indiquer la voie à suivre.

    Sensation d'être aussi encombrante que ce jour où j'entre dans un restaurant à Venise pour réserver avec enthousiasme une table (me concentrant sur la qualité de mon italien) sans me rendre compte qu'à mes pieds un client gisant et mort occupe toute l'attention du personnel.
     
    La salle entière avait froncé les sourcils dans ma direction.
     
    Là non plus, ce n'était pas le moment.
     
     
    Le Jour où la dernière Clodette est morte, éditions Le Clos Jouve, 2020.
     
     

  • NOP

    Je ne prends pas de cours de Pole dance, je ne prends pas de cours de salsa, je n'aime pas les affiches pour la fête des mères sur lesquelles un enfant dit J'ai une maman Rock'n'roll, je n'ai pas de tatouage, je n'ai pas de piercing, je n'aime pas me mettre minable avec les copines divorcées, le samedi soir (ni le vendredi ni le mardi même), je n'aime pas vomir, je n'aime pas la bière, je n'ai jamais fait de soirée sex-toy, j'écoute du rock'n'roll mais je ne suis pas rock'n'roll, je ne comprends pas l'épilation intégrale, je n'aime pas le mot sexy, je ne dis pas la phrase Les hommes, tous les mêmes, je ne suis pas une killeuse, je ne suis pas une MILF, je ne suis pas accroc au sexe, si j'aime Bukowski, ce n'est pas parce qu'il est alcoolique et borderline, je ne rencontre pas d'hommes sur Tinder, j'aime les vieilles chansons italiennes sirupeuses, j'aime être complètement dépendante en amour et j'aime travailler dans mon lit.

    Bref, je crains bien être une femme de 48 ans extrêmement ennuyeuse pour la plupart de mes contemporains hommes et femmes, me dit-elle.

  • tatouée

    La cicatrice, là, qui ne bronze jamais, sur mon genou droit, c'est la chute à vélo à l'âge de 10 ans, un médecin de campagne qui me recoud à vif en me disant de ne pas faire ma chochotte, cette cicatrice, là, sur la paupière gauche, c'est l'accident de voiture à l'âge de 25 ans, les éclats de verre du pare-brise qui explosent au visage, 19 points de suture à l'Hôpital Saint Luc-Saint Joseph, celle-ci, sous le sein, c'est l'extraction d'un fibrome-adénome, celle-là... je ne me souviens plus, c'est bizarre... celle-là, sur le haut du front, c'est une cicatrice de varicelle, là, sur le bras droit, c'est le BCG, et là, tu vois, près de mon nombril, c'est une tache de café de naissance, une marque ancestrale, de l'art tribal. Ah, et j'allais oublier, les cicatrices de griffures de chat qui apparaissent et disparaissent méthodiquement sur mes chevilles et mes poignets.

    Alors, qu'est-ce que je ferais d'un tatouage, tu peux me dire ?

  • station Sans-Souci

    La femme-araignée (c'est ainsi que les élèves l'ont baptisée) fait la manche, ligne D. Ses genoux sont inversés.

    Elle se déplace sur ses tibias, retournés à l'intérieur, formant un angle droit avec ses cuisses.  Elle glisse sur des chaussons de fortune qu'elle a confectionnés avec des tissus amoncelés, pour ne pas sentir le frottement du sol contre sa peau. Elle se fraie un chemin dans le couloir du wagon en s'aidant  des barres verticales.

    Même à l'heure de pointe.

    Elle oblige les gens à bouger.

    Elle oblige les gens à la regarder.

    Elle déstabilise les pensées du quotidien et ramène la foule à la vision de sa difformité, de sa monstruosité.

    Elle s'arrête devant l'un, tend son gobelet de piécettes, et attend le regard. Elle reste là, quelques secondes, longues, quémande avec un accent Rom, penche la tête sur le côté comme le ferait un enfant pour attendrir.

    Elle sait qu'elle n'est pas un enfant attendrissant.

    Elle sait le dégoût, la répulsion, la honte qu'elle inspire.

    Les mères et les pères tentent de tourner les poussettes dans la direction opposée quand elle arrive à leur hauteur. Ils appréhendent le mouvement bien avant qu'elle ne se campe devant eux. Mais les bébés tournent la tête, intrigués. Elle caresse leurs cheveux.

    Elle est polie et téméraire.

    Brave et fière.

    Elle sourit.

    Elle n'a pas d'âge.

    Elle pose ses mains à terre, prend appui sur ses pieds baroques et descend à la station Sans-Souci.

    Elle est l'héroïne superbe d'un film d'horreur de série B, la créature insolente du métro qui vient assidument ébranler nos univers indolents.

     

     

     

     

     

     

    photographie : Ella Harper, femme-chameau et bête de foire (1886)

  • Rhinopharyngite

    J'ai senti, toute la nuit, les microbes de ta rhinopharyngite pratiquer l'invasion sauvage de ma sphère ORL intime dans un élan aussi fiévreux que licencieux.
    J'ai, bien sûr, laissé mon corps développer une réponse immunitaire adaptée mais, en secret, j'étais un peu du côté des agents infectieux de ta salive. Le tréfonds de toi pénétrait fougueusement mes organes, en ébranlait les fondements, en torpillait les barricades.
     
    Au matin, mucus nasal clair, augmentation du volume des amygdales, fièvre de plus de 38 degré Celsius.
     
    Tes micro-organismes enlaçaient enfin les miens. Je les caressais du bout des doigts en pensée.
    La tendre guerre ne faisait que commencer.
     
     
     
     
     
     

  • FAST-FOOD

    A se procurer d'urgence (sans vouloir vous commander)

    Fast-food, c'est un livre politique qui te colle au cerveau comme une sauce barbecue.
    Attention, pas le politique qui brandit des pancartes pour te dire où penser, hein. C'est pas le genre de Grégoire Hadrien Damon (pour ce que j'en sais). Non. Celui qui, l'air de rien, te renvoie au système et te le fait quiètement imploser au bout des lignes avec un rythme d'écriture aussi nerveux et créatif qu'un rush d'une heure dans une salle de restauration rapide.


    L'indispensable de la littérature, quoi.

     

    http://lamarerouge.hautetfort.com/list/blogs-que-j-aime/gregoire-damon.html

     

     

  • Anne de Boissy (et le parapluie)

    Il y a, entre Anne de Boissy et moi, un parapluie au motif écossais vert et bleu.

    Un humble parapluie acheté à Super U.

    Je l'ai oublié, un jour, et c'est Anne qui l'a récupéré.

    Elle l'a adopté en quelque sorte.

    J'aime à m'imaginer qu'elle en prend soin, et, qu'en retour, il la protège en temps de crachin et de giboulées.

    Est-il accroché à une patère ? Est-il suspendu à un cintre dans une penderie ? Attend-il dans l'entrée, à côté d'autres parapluies plus élégants qui se demandent ce que cette petite chose mal fichue et fragile fait là ? A coup sûr, le moindre coup de vent un peu violent le ferait se retourner, il n'a pas l'air bien résistant. 

    Mais Anne veille, je le sais. Le savoir chez elle me réconforte.

    Nous avons eu l'opportunité à deux ou trois reprises de procéder à la restitution. Mais ça ne s'est pas fait.

    Il était au théâtre, puis chez elle. Ce n'était pas le bon moment, c'est tout.

    Je crois aux moments justes.

    A présent, il est comme un fil invisible mais tenace entre nous.

    Comme la promesse d'une chose à venir.

     

  • Pénélope cruz

    La jeune femme qui travaille dans la boucherie de mon quartier ressemble à Pénélope Cruz.

    Enfin, non, pour être précise, elle n'y ressemble pas réellement, trait pour trait.

    Elle a comme un début de menton un peu double, la forme des pommettes est sans doute moins gracieuse et sa blouse rose ne cache sûrement pas des courbes d'actrice espagnole (quoique ce soit difficile à dire).

    Et, pourtant, elle a un vrai faux air de Cruz. Une intensité noire dans le regard. La courbe du sourcil peut-être. Quelque chose de sombre, de profond, de légèrement cerné. La paupière un peu lourde.

    Un jour, ça doit être un peu plus flagrant que d'habitude, je le lui dis : Vous avez un faux air de Pénélope Cruz, vous.

    Le boucher rit, plante sa hachette dans la viande et s'exclame : Ouais, mais le salaire en moins !

    Pénélope lève les yeux au ciel : Et quoi d'autre avec les biftecks ?

     

  • Dialogue ordinaire, métro Mermoz-Pinel, 12h47.

    - Excusez-moi, quelqu'un sait pourquoi y a un arrêt de circulation sur la ligne D ?

    - Y a eu un souci voyageur.

    - Non, pas un souci voyageur, un SUICIDE voyageur, monsieur.

    - Ah, oui, un suicide voyageur, je voulais dire.

    - ...

    - C'est vrai qu'entre le souci et le suicide, y a de la marge, hein ! Haha !

    - Oui, entre le souci et le suicide, y a le temps de se passer des trucs, c'est sûr...

    - Ouais...

    - Et ça s'est passé où ?

    - Station MONTPLAISIR.

    - Ah ouais, quand même...

    - Ouais...

     

     

     

     

    Photographie parue sur la page Kenga Rex sous le titre Rare Photographs Of The NYC Underground In The 80s 

  • Larmes de tortue

    Ces papillons d'Amazonie qui butinent les larmes des tortues, c'est d'abord un tableau d'une mystérieuse beauté poétique.
     
    Puis, tu apprends que c'est le manque cruel de sodium dans cette région du monde qui pousse les papillons à harceler continuellement les tortues.
     
    Et puis, tu comprends que cette pratique finit par mettre en danger les tortues qui, très souvent aveuglées par les nuées de papillons s'abreuvant à leurs yeux, ne peuvent plus se protéger de leurs prédateurs.
     
    Et tu te dis, la mystérieuse beauté poétique...
     
     
     
     
     
     
     
    photographie : Milo Burcham

  • pigeons 2 (mouettes aussi)

    Les mouettes de la place San Marco font les crâneuses.
    Vraiment, elles manquent d'humilité.
    Elles tentent par tous les moyens de voler la vedette aux pigeons millénaires et n'hésitent pas, pour cela, à s’adonner à un photobombing effronté devant l'objectif et les perches à selfies des touristes.
    Les pigeons, quant à eux, gèrent la situation avec une distance toute ironique dans le regard (bien visible sur tous les clichés du monde si l'on prend le temps de s'y arrêter un instant).

  • Le jardin d'acclimatation

    Le petit singe de la ménagerie du Jardin d'acclimatation de Paris,

    je ne comprends pas tout de suite ce qu'il fait

    derrière la grande baie vitrée qui nous sépare de lui.

    De sa main droite, il étale une matière terreuse, sombre, sur la surface en verre.

    Il dessine quatre traits d'une vingtaine de centimètres, verticaux, espacés d'un pouce environ.

    Il va chercher derrière lui la glaise et, avec deux doigts, l'écrase de haut en bas, sur le verre.

     

    Je le vois maintenant, 

    il y a des traces de son art pariétal sur toute la longue surface de la cloison vitrifiée. 

     

    Il nous fixe de son regard noir, grave et mélancolique de primate de jardin d'acclimatation

    qui donne de mauvais rêves aux humains,

    et,

    de sa main droite,

    le petit singe de la ménagerie du Jardin d'acclimatation de Paris,

    va chercher la merde fraîchement sortie de son anus

    et

    l'étale,

    encore

    et encore,

    pour matérialiser,

    opiniâtrement,

    méthodiquement,

    toute sa pleine

    exécration de nous.

     

     

     

     

     

  • Estelle Dumortier et moi.

    Estelle Dumortier et moi,
    on a fait les folles, hier :
    On a bu du Coca-Cola.


    Pas du Coca light.
    Pas du Coca Zéro.
    Non.
    Du 100% sucré,
    du 100% caféiné.


    L'une de nous a même dit :

    Rhaaaa... je devrais faire cela plus souvent.

    L'autre a acquiescé.

    Voilà ce qu'on fait,
    en catimini,
    Estelle Dumortier et moi,
    quand nos hommes sont
    en déplacement, quelques jours.

    Ce texte est-il racheté par une pointe de culpabilité ?
    Ce n'est même pas sûr.

     

     

    image : poster de Kareem Gouda

  • Subway

    Elle trouvait étranges ces personnes qui se plaignaient que les gens fassent la tête dans le métro.
     
    - Tu ne trouves pas que les gens font la gueule dans le métro ?
     
    Qu'est-ce que les humains pouvaient bien faire dans le métro si ce n'est lire des trucs, jouer sur des téléphones, écouter de la musique dans des casques, regarder dans le flou avec des têtes de travail, de souci, de femmes en retard, d'ados blasés, de bébés enrhumés, d'étudiants ensommeillés ?
     
    Et quand bien même un de ces êtres aurait été particulièrement heureux, comment était-il censé le manifester ? En affichant un fixe sourire ravi ? En distribuant des accolades joviales en direction de ses compagnons de voyage ?  En confiant son bonheur et sa satisfaction de vivre à ses voisins de banquette ?
     
    Non, vraiment, elle ne voyait pas comment résoudre le problème des gueules dans le métro, la sienne contribuant généreusement, chaque matin, à l'ambiance frères Dardenne du trajet de 7h.
     

     
     
     
    Photo de Willy Spiller.
     
     

  • Lundi de Pâques

    Au parc de la tête d'or,

    l'enfant de 11 ans dit à ses parents, Regardez l'hippocampe ! en pointant du doigt un pélican (ils ne sourcillent pas),
    le panda roux fait exprès d'être si mignon qu'on a envie de le kidnapper au lasso (mais être si joli cache certainement quelque chose de pas net),
    le père de famille se fait disputer par sa femme car il a pris une gaufre caramel salé alors qu'elle avait BIEN dit chocolat-caramel (il baisse la tête comme son fils de 3 ans),
    la panthère d'Amour, s'il n'y avait pas la baie vitrée, sauterait à la gorge du monsieur qui fait des selfies avec sa perche devant la cage (oui, certainement),

    dans ma bouche, la barbe à papa a le goût d'un lundi de Pâques à qui tout réussit (et qui le sait un peu trop, le brigand).

     

     

     

     

    image : Joe Webb, The Cloud Eaters

  • La mort n'existe pas

    J'ai vu deux corps morts,

    celui de mon père

    celui du père de mon enfant.

    Je peux le dire

    la mort n'existe pas.

    Un corps mort ne contient pas la mort.

    Il est encore tiède quelque temps

    (il perd un degré par heure

    environ)

    Il se rigidifie au bout de 3 heures.

    Avant cela, il est encore possible de ressentir une vie sous la peau.

    Quand on tient la main de l'être proche

    qui vient de mourir,

    on s'attendrait presque à la voir bouger,

    on la sent frémir.

    Mais non.

    Je me dis alors

    c'est la première fois que je tiens la main de mon père

    ou, du moins, il m'a sans doute tenu la main quand j'étais enfant

    mais ma main d'adulte n'a jamais été dans la sienne,

    pas dans mon souvenir.

    Je me dis alors,

    Je tiens la main du père de mon enfant

    que je n'ai pas tenue durant les treize années de séparation.

    Il est mort, alors je la lui tiens.

    Mais ce que je tiens, c'est la main morte du père de mon enfant.

    Mais ce que je tiens, c'est la main morte de mon père,

    je ne tiens pas la main de mon père.

    Il n'est plus là.

    il n'est plus présent.

    Il est mort.

    Je le sais car je vois son corps mort.

    C'est à dire un corps inanimé, sans souffle quand on penche le visage vers le visage.

    Sans mouvement aucun.

    Sans bruit aucun.

    Un corps silencieux et immobile.

     

    Quand le corps est enfin raide et froid, quand toute vie semble en être sortie,

    est-ce cela que l'on appelle la mort ?

     

    La mort n'existe pas.

    Je ne la saurai pas quand viendra mon tour.

     

    Ce sera la vie, puis,

    plus de vie.

     

    Est-ce cela qu'on appelle la mort ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo : Jean-Loup Wiart par lui même.

     

     

     

  • Je n'ai pas lu tout Montaigne

    La vie d'un professeur est faite de ruptures forcées. Plus ou moins violentes.

    Est-ce lui qui abandonne ou les élèves qui rompent ?

    Ce sont des désunions annoncées, bien sûr. Le contrat est clair, pas d'entourloupe, les deux parties ont signé pour cela.

    Et, pourtant... on ressent toujours la même petite amertume à la fin de l'histoire. La même frustration d'une relation qui s'achève et dans laquelle on aurait pu faire mieux.

    Beaucoup mieux.

    Ne riez pas.

    C'est parfois un désarroi que de voir s'éloigner une tribu amie.

    Dans quel éden, dans quel enfer, dans quelle cité vont-ils débarquer après nous ?

    Dans quels bras vont-ils se lover ? 

    Dans quelle gueule vont-ils se jeter ?

    J'avais encore deux ou trois choses à leur dire sur la gravité et la légèreté de la vie.

    Je n'ai pas lu tout Montaigne.

    Je n'ai pas lu tout Homère.

    Qu'est-ce que cette sauvagerie de séparer des êtres qui commencent à peine à se connaître ?

     

    Existe-t-il des tribus ennemies ? Oui. Bien sûr.

    Peu importe.

    Ceux-là mêmes qui lançaient des flèches mal affutées, on les retrouve parfois plus tard, beaucoup plus tard,

    au coin d'une rue.

    Ils s'élancent vers nous, on ne les reconnaît pas tout de suite. Eux, disent qu'ils se souviennent.

    Et, ça suffit.

     

     Que sont nos élèves devenus... 

     

     

     

    image : copyrigh@PlonketReplonk.

     

     

  • Vol de perdreaux


    - Franchement, excuse-moi, mais t'es quand même pas très centrée comme fille. Tiens, regarde, musicalement, t'aimes autant le canon de Pachelbel que les Sleaford mods, Annie Cordy que les Stooges, Pergolesi que Gérard Lenorman, Molly Burch que Gil Scott-Heron, Violent femmes que Schubert, Nina Simone que M.I.A ou Men at work.

    - T'as oublié Michel Delpech. T'es grave toi.

     

  • TCL

    Chaque fois qu'elle voyait une femme se maquiller longuement dans les transports en commun, la trousse posée sur ses genoux, elle avait l'impression d'assister à une scène impudique, très intime, qui n'aurait dû avoir sa place que devant la glace d'une salle de bain particulière.
    C'était comme si ces voisines de voyage remettaient leur culotte en public.

  • Chacun cherche

    - Mais, quand même, t'es sûre que tout le monde finit par trouver son chat ?


    - Oui. Seulement, parfois, il faut attendre la moitié du film ou la presque fin pour que ça arrive. Tu vois ? Ton chat, il se pointe pas forcément au début. Des fois, oui, mais des fois, non. Faut être patient. Et même, ça arrive que tu penses avoir trouvé ton chat et puis, en fait, non, c'en est un autre mais c'est pas ton chat, et ça retarde tout. Mais quand TON chat est là, devant toi, tu le sais.... Fichtre, OUI, tu le sais.


    - Il te reste de la colle, Jud ?

  • Zone de convivialité

    Les punks à chiens fument des vaporettes,
    le nouveau porno se déclare "éthique",
    les salariés mobiles apprennent à gérer leur stress grâce au groupe de parole offert par l'entreprise entre midi et deux,
    ce matin, mes apprenants avaient TOUS leurs outils scripteurs.

    Nous voilà entrés dans une zone de convivialité dont on ne peut que se réjouir.

  • Cernes d'hiver

    Sur l'instant, je ne trouvai rien de plus émouvant, de plus juste et de plus harmonieux que la vision de tes cernes d'hiver sur la sonate en A major de Schubert.

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