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La Mare Rouge - Page 19

  • Humeurs de maçons

    Je vous prie de bien vouloir libérer S.B de sa journée de formation en maçonnerie dans votre entreprise, le mardi 3 avril 2018, car il sera membre éminent du jury d'un prix littéraire et représentera sa classe.

    Je tends la lettre à S. qui me demande si le patron ne va pas penser qu'il se fout de sa tête.

    On lui enverra les 7 recueils du prix Kowalski s'il a des doutes que je réponds.

    Mais trêve de blabla (comme dirait Céline), l'heure a son importance, il faut préparer un argumentaire pour le jour de la délibération finale afin de défendre l'auteur choisi par la classe.

    Un certain gars qui écrit sur les monstres, les chiens et les ombres (on ne sait pas trop si l'on a le droit de dévoiler son nom, alors on use de périphrases, ni vu ni connu j't'embrouille).

    S. suggère:

    PARCE QUE SON LIVRE DÉCHIRE SA RACE

    mais se ravise aussitôt parce que vous voulez une phrase CHÂTIÉE, madame.

    Oui, je veux du châtié, crénomdenom.

    On peut dire qu'on aime parce que ça parle de trucs qui sortent du corps : le sang, les crachats, les glaviots, le vomi, le sperme, la salive.

    Vous, vous dites, comment déjà, madame ?... Ah oui, LES HUMEURS DU CORPS.

    C'est vrai. Ils retiennent tout, les bougres.

    Et puis, ça parle de bêtes aussi.

    De la vie et de la mort.

    On y est.

    Les humeurs du corps, la vie, la mort, les bêtes.

    GO.

     

     

     

     

     

  • Flipper

    Je suis montée au premier étage de cet hôtel et je suis entrée dans une roulotte. Cette roulotte, c'était une chambre. Pour nous. J'ai attendu dans la roulotte. Mais tu ne venais pas. J'ai attendu. Je me suis dit Il ne vient pas. Pourquoi ? J'ai attendu dans la roulotte, ne sachant pas trop bien quoi y faire. Il n'y avait pas grand chose dans cette roulotte. Un lit. Petit. Tu n'arrivais toujours pas. Alors, je suis sortie de la roulotte. Et là, j'ai vu des lits, plein de lits autour de la roulotte, avec des gens, parfois, dedans. Mais dans les gens, il n'y avait toujours pas toi. Alors, je suis descendue. J'ai quitté l'hôtel. Et là, un homme, une soixantaine d'année l'homme, un air gentil mais en plus, par dessus, un air combinard, il m'a dit je vais vous accompagner pour trouver votre chemin mais je ne lui avais pas demandé mon chemin à celui-là. Et donc, en voulant me guider, il voulait me tenir la main. Et, je lui disais à trois reprises, non, pas la main. Je me suis énervée car je ne voulais pas la main et je ne te trouvais pas, alors qu'on avait rendez-vous dans la roulotte. C'est alors que je t'ai vu, derrière la vitre d'un bar. Tu jouais au flipper. Avec trois filles. Tu avais l'air très heureux à jouer au flipper là avec trois filles qui riaient. Tranquilles, les filles. Je me suis dit mais il est gonflé quand même celui-là. Une heure que je l'attends dans la roulotte, et lui, là, il joue au flipper avec trois filles. Dans un bar.

  • Add it up


  • Distributeur

    Barnabé, non, laisse faire ta sœur, d'abord. C'est elle qui met la carte bleue dans le distributeur. Après, toi, tu composeras le numéro, d'accord ? Allez, Joséphine. Tu introduis la carte dans la fente, là. Oui, c'est bien.... Voilà... Ah non, tu l'as mise à l'envers, regarde, ça ne peut pas fonctionner. Ce n'est pas grave, mon cœur. Recommence, tu vas la remettre correctement. Attends, je te montre... comme ça... voilà. C'est TRÈS bien, Joséphine. Non, Barnabé, attends, ne pousse pas ta sœur, ça va bientôt être ton tour. Non, Barnabé, ce n'est PAS BIEN. Tu fais mal à ta sœur. NON. Si ça continue, tu ne composeras pas le numéro comme je te l'ai promis... J'attends que tu te calmes... j'attends.... j'attends. Tu es calme ? C'est bien, mon cœur. A présent, tu peux composer les chiffres de la carte. Je te les dis à l'oreille.... Oui... voilà... oui... TRÈS BIEN, Barnabé... oui... Ah non ! Oh, tu t'es trompé... ce n'est pas grave, on va recommencer... tu appuies sur le C, là. Bien. On recommence... Oui....bien... oui.. et... OUI ! BRAVO, Barnabé ! Tu as vu Joséphine comme ton frère est grand ? Non, Joséphine, c'est maman qui récupère la carte. Toi, tu peux prendre les billets... Oui, Joséphine, tu as été très grande toi aussi. Bravo Joséphine. Je suis fière de vous deux. Oui, mon cœur. Oui, mon cœur. Oui, moi aussi je t'aime. Oui, Barnabé, on y va.

    La mère croix-roussienne n'en a absolument rien à foutre de ta tête de file d'attente à bout de patience, elle est bien trop occupée à fabriquer consciencieusement de grands névrosés à vie, en toute impunité.


    Vont-ils aller se faire exploser en Syrie ou ailleurs, à l'adolescence ? On ne sait.

  • Fond de cale


    Miossec, Chanson pour un homme couvert de femmes.

  • J'viens d'fumer ma tout première Week-End Sur les fortif' où t'aimes pas qu'j'traîne

    Elle réceptionne les sentences de la CPE comme un boxeur à bout de force, son buste avale ses épaules. Elle ne réplique pas, ne rend pas les coups, ne regarde pas son fils.

    Elle baisse la tête obstinément, fixe la table, ses mains, triture un kleenex.

    La CPE lui parle comme à une petite fille qui comprend mal les choses. Cette femme dit des paroles creuses, des phrases vides, des mots extraits du guide "Agir sur le climat scolaire au collège et au lycée": stratégie d'équipe, justice scolaire, conseil de discipline, bienveillance et exigence, valeurs partagées, action restaurative, sanction éducative, Citoyenneté et puis, au fils Sais-tu au moins ce que tu veux faire de toi ?  Il va falloir reprendre les choses en mains. Tu comprends ce que tu fais là ?

    Issa sait l'humiliation qu'est en train de subir sa mère. Il enrage. Il continue d'enrager. De toute façon, depuis quelques mois, il n'est que rage. Ça lui est venu, il ne sait plus comment, ni quand précisément. Mais ça le tient, ça ne le lâche plus. 

    Je sens, à côté de moi, toute sa hargne momentanément contrainte dans l'espace tendu de son corps et de sa tête. Il se retient, pour sa mère, de ne pas tout saccager comme il l'a fait, en classe, l'autre jour. La table, les chaises, la photo de famille encadrée sur le bureau de la CPE, le règlement intérieur au mur, les profs, le lycée, sa putain de tête qui ne lui laisse aucun répit.

    Elle, je voudrais la prendre dans mes bras, lui dire que je la comprends, qu'elle va y arriver avec son enfant, qu'il n'est qu'un adolescent comme beaucoup d'autres, un peu plus impulsif, un peu plus perdu, un peu plus apeuré, sans doute. Mais, en vérité, qu'est-ce que je comprends vraiment des ménages à 5h du matin, de sa vie de femme seule qui parle à peine le français, qui a élevé, longtemps, un petit garçon un peu turbulent mais gentil, et s'est retrouvée, un jour, soudainement, devant un grand corps d'homme taiseux et farouche.

    Pendant l'entretien avec "l'équipe pédagogique", les regards de la mère et du fils ne se rencontrent jamais.

    Je ne sais pas, moi-même, qui je suis en train de rencontrer, là. Quelle est ma place dans ce foutoir.

    C'est la sonnerie de 13h30.  5e heure de cours. Je serre la main d'Issa et de sa mère. 

    Va savoir pourquoi c'est la chanson M'man d'Eddy Mitchell, et ses paroles un peu candides, qui crame ma tête tout le reste de la journée.

     

     

     illustration : Anselm Kiefer, Homme dans la forêt. 1971

     

  • Projet conjugal

    - Non, chéri, je n'ai jamais dit que je n'avais pas confiance en ton talent et ta dextérité. Mais je crois, après avoir tout bien pesé, que je préférais ton projet de vente de chouchous sur la plage du Havre...
    - ...
    - Tu peux juste un peu desserrer les liens ? Ça me scie les chevilles ton truc.

     

     

     

     

    illustration : Annie Leibovitz, The Whites stripes.

  • Croix-Rousse. 20 février 2018.

    Quand elle est passée devant moi, engoncée dans une couverture de survie couleur or en guise de linceul, j'ai juste eu le temps de reconnaître son petit visage chiffonné. Je jurerais y avoir vu un sourire.

    C'est comme si elle avait voulu me faire un dernier signe avant de quitter l'immeuble dans son pauvre bivouac branlant au bout de l'échelle des pompiers.

    La semaine précédente, nous avions encore plaisanté sur le monsieur du quartier qui confie à qui veut l'entendre que le buraliste est cocu.

    Les badauds du trottoir levaient la tête vers nous dans la lumière bleue clignotante du camion rouge.

     

     

     

     

    Illustration : Anselm Kiefer, Der engel (1976-1978)

     

     

  • Ligne C3

    Je me demande encore pourquoi,

    hier, dans le bus C3,

    j'ai suggéré à ce jeune homme au regard fou

    qui demandait à son interlocuteur au téléphone

    si son site en ligne vendait bien des armes à feu et des balles de 9mm

    POUR TUER

    de s'adresser,

    peut-être, 

    à La Redoute.

  • Petite poème pour une sirène

    Je connais une sirène tatouée

    très belle

    avec de longs cheveux

    elle descend dans des abysses que nul ne connaît

    elle y côtoie les poissons-lanternes

    qui effraient tout le monde

    sauf elle

    elle les caresse du bout des doigts

    ils se frottent à elle comme des poissons-chats

    vous les dites laids elle les dit rois

    c'est la reine des sirènes

    tout l'océan vous le dira

     

    Mais elle sait aussi les clairières et les bois

    les bidonvilles et les cités

    la sirène y console les vivants

    y apaise les morts

    un jour la camarde même

    pourtant peu encline aux cérémonies

    lui fit révérence

     

    Par quel mystère sur terre continue-t-elle à nager ?

     

    Le secret se trouve quelque part dans le ressac

    la magie blanche

    et le noir clair de la matière.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photographie Laurence Loutre-Barbier

     

  • 7h37

    Station Mermoz-Pinel

    7h37

    les minots boivent du coca à la canette

    et tirent une dernière fois sur le mégot shiteux

    avant le cours de français

    les témoins de Jéhovah promettent

    assidus

    que

    la délivrance est proche

    dans mon casque

    Gurdjieff- de Hartmann

    200 mètres

    avant

    la salle des profs.

     

     

     

  • Jeux interdits

    On joue à chat perché

    dans tous les coins de l'appartement 

    le jeu est de grimper le plus haut possible

    parfois on fait tomber des meubles

    et on casse des bibelots

    (on n'est pas très matérialistes)

     

    On joue à cache-cache

    un jour il ne m'a pas trouvée pendant très longtemps

    je me suis endormie

    à mon réveil il cherchait des poux dans ma tignasse

    ça a mal fini

    (façon de parler)

     

    On joue à loup où es-tu m'entends-tu

    je me laisse dévorer exprès

    pour l'amadouer je lèche son crâne lisse

    mais il plante ses dents dans ma nuque

    je ne peux plus bouger

    c'est le jeu de la proie domptée

    (ou presque)

     

    On joue à Colin-maillard

    je lui bande les yeux

    je l’étourdis en le faisant tourner

    je l’agace avec mon boa mauve pour le guider

    la dernière fois, toutes les plumes ont volé

    du boa, il n’est rien resté

    (Le bandeau a fini à mes poignets)

     

    On joue à 1, 2, 3 soleil !

    je deviens une statue de sel

    mais il change la règle en cours de jeu

    je ne dois pas bouger

    même quand il vient me chatouiller

    je ris je pleure je me tortille

    (le gage n'est jamais le même)

     

    On joue à la marelle

    à cloche-pieds main dans la main

    on jette le caillou

    on avance sans se lâcher

    on tombe sur la case "enfer"

    (et alors ?)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Gérald Bloncourt | enfants jouant à la marelle dans la rue, Paris, 1960

     

  • Idrisse

    Idrisse dit :"Madame, Si ça ne vous dérange pas, je préfère lire en marchant car, assis, je lis trop lentement."

    Et, c'est vrai, il lit mieux en marchant.

    Je lui dis que je connais (très bien) un écrivain qui écrit mieux debout aussi. Il comprend.

    Intitulons ce texte : En lisant, en marchant, en écrivant.

     

     

    Le Jour où la dernière Clodette est morte, éditions le Clos Jouve, 2020.

  • La peur dévore l'âme (Angst essen seele Auf)

    - Non mais, c'est la fin de la séduction, là ! On ne peut plus rien dire, plus rien faire sans flipper d'être importun, faut arrêter !

    -  Console-toi. Survivront longtemps l'amour paria, la tendresse et l'érotisme à la Fassbinder. Fais preuve d'imagination et arrête de geindre.

     

     

     

    Image extraite du film La peur dévore l'âme (Angst essen seele Auf)

  • Prehistoric women

    Quand il recommençait à faire froid, qu’elle chouinait à cause du message « SYNCHRO KO » sur sa SFRBOX, de la file d’attente à la caisse du super U ou du sac de litière éclaté devant la porte du local poubelles, elle s’obligeait à penser à la vie des femmes du Paléolithique et, précisément, à SA référence de LA femme préhistorique : Martine Beswick dans PREHISTORIC WOMEN (1967).
    La vie n’avait pas l’air facile-facile à cette époque. Ce dieu-rhinocéros blanc avec sa grosse corne belliqueuse, les mâles en rut ininterrompu, les bikinis en peaux de bêtes inconfortables, la chasse en toutes saisons, la gestion compliquée d’une ethnie de blondes au brushing impeccable réduites en esclavage et fomentant une rébellion perfide… tout cela la consolait provisoirement de sa condition de femme moderne et elle reprenait courageusement les choses en main.
    Appeler le 1023 pour cette histoire de box...

  • Kebab

    - Et, il est où ton argument pédagogique quand tu convaincs tes élèves de venir à une sortie théâtre à 20h en leur disant qu'il y a le meilleur kebab de Lyon à 20 mètres de la salle de spectacle ?

    - Nulle part.

    - C'est bien ce qu'il me semblait.

  • Le Havre 80

    Le temps est encore un peu gris, ici. Notre cabane de plage est cependant déjà bien plaisante en cette saison quand un rayon de soleil parvient à ramper jusqu'à elle (Oui, au Havre, le soleil rampe, tu le sais).
    Je relis souvent ta lettre et, le reste du temps, je m'ennuie avec passion. J'ai déplié ta chaise pour me faire croire que tu es parti ramasser des coquillages et que tu vas revenir bientôt.
     
    Je me languis toute et t'embrasse.
     
     
    Ta mouette.
     
     
    PS : J'ai bien retrouvé ton épuisette qui était (je le savais) cachée derrière le petit meuble blanc.
     
     
    Le Havre.
     
     
     
     
     
     
     
    (Photo extraite de la page facebook Le Havre inédit)

  • Le scaphandrier

    Quoi qu'il en soit

    elle avait décidé de vivre ses lundis matin avec élégance.

  • Shampoing

    - Tu fais partie de ceux qui ferment les yeux ou qui les gardent ouverts, pendant le shampoing, chez le coiffeur ?

    - C'est quoi cette question ?

    - C'est sérieux, c'est la question clé du test de personnalité que je suis en train de créer.

    - Tu me fais flipper parfois.

     

  • Fabienne Swiatly

    Fabienne,

    Je dois te dire quelque chose.

    J'ai un chat, tu ne le connais pas encore : il s'appelle Buster Keaton. Mais c'est trop long, alors on dit Buster.

     

    Ce chat n'a pas très bonne réputation dans le quartier. Il ne tolère que les gens de son clan. Et, il choisit de manière très péremptoire qui a le droit d'entrer dans sa maison et qui doit rester sur le paillasson. Je ne sais pas s'il a une technique particulière mais le résultat est sans appel : il t'aime ou il ne t'aime pas. D'emblée. Et ça ne bouge plus. J'avoue que cela m'a mise dans des situations un peu difficiles vis-à-vis de gens que, moi, j'aime beaucoup.

     

    Mais, en même temps, je ne peux pas vraiment le blâmer car je suis un peu comme lui. Qui a déteint sur qui, en dix années de vie commune ?

     

    Toi, Fabienne, je t'ai aimée tout de suite, hier. C'est comme ça.

     

    Je te présenterai bientôt Buster. Moi, je l'aime bien ce fichu chat.

     

  • Peanuts

    Il se réjouissait de faire partie d'une société dans laquelle on pouvait devenir héroïque à peu de frais. Déposer un ticket de transport en commun encore valide sur une borne de métro était devenu un geste hors-la-loi. On pouvait, aujourd'hui, entrer dans la résistance pour peanuts, ce qui l'arrangeait bien finalement. Il n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à une quelconque révolution mondiale en ce moment.

  • Grande.

    Petite, j'étais déjà grande. Mes copines de classe menaçaient de m'étêter quand elle ne pouvait pas voir le tableau à cause de ma tête qui dépassait. Je ne savais pas trop quoi faire de mes bras, de mes jambes. J'étais souvent recroquevillée quand j'étais assise, les jambes sous le menton, pour ne pas prendre trop de place. L'espace que j'occupais n'était pas celui que j'appréhendais dans mon corps. J'avais une nature de petite dans un corps de longue tige. "Grande girafe". Je ne dressais pas fièrement la tête. Non. Comme la plupart des grandes, au contraire, j'essayais de paraître moins verticale, moins encombrante, moins visible. A l'adolescence, ça s'est compliqué. Je regardais le monde d'un peu plus haut que les autres filles, ça me donnait l'air hautain. "T'as l'air prétentieuse". Contre le mur des salons, dans les boums, je regardais les couples improvisés se galocher pendant les slows. Si un garçon me regardait avec insistance, c'est parce que j'étais bizarre, ça ne pouvait pas être autre chose. J'enviais les filles dans la norme et les plus petites que les autres. Peut-être avaient-elles une essence de grande, elles ? Ça aurait été bien de pouvoir échanger nos carcasses, de temps en temps.

  • Complainte

    Que sont mes 1800 élèves devenus...

  • ARMAGUEDON STRIP : AUJOURD'HUI EN LIBRAIRIE.

    - Il parait que Black Lips a écrit ce titre après avoir lu Armaguédon strip de Frédérick Houdaer.
    - C'est pas possible, il sort aujourd'hui en librairie.
    - Ah ? Ben, c'est une sorte d'Annonciation, alors.


  • Don

    - Quel don n'aimerais-tu pas avoir ?
    - Lire dans les pensées des gens.
    - Même dans les miennes ?

     

  • Dans son ensemble

    Si l'on exclut les génocides, l'invention de la gégène, des talons aiguilles, du fond de teint et du string

    la vie humaine n'est finalement pas si décevante que cela

    dans son ensemble.

  • Courageuse

    Quand tu étais enfant, tu faisais le cochon pendu à cinq mètres au-dessus du sol de gravier dans des cages à écureuil, de vraies structures de la mort. Tu glissais sur des toboggans géants qui manquaient de t'éjecter à chaque bosse. Tu grimpais dans des arbres grands comme des baobabs et tu te balançais de branche en branche, tout en haut. Tu partais dans la mer, accroupie dans de petits bateaux gonflables incertains, et tu ramais avec les mains, super loin de la plage.

     

    Entre cinq et douze ans, tu t'en souviens, tu as été courageuse.

     

  • La petite mélancolie

    La petite mélancolie qui étreint le prof au moment du réglage de l'alarme du réveil

    chaque veille de rentrée...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    image : No Place Like Hulme | Images of Hulme, Manchester in the 1970s, 80s & 90s. – British Culture Archive