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Characters

  • malentendu

    Je n’ai jamais su dire gravement les choses graves.
    Je n’ai jamais su dire légèrement les choses légères.
    Je ne prends pas au sérieux le trop de sérieux.
    Je mets du rire, là où je pleure intérieurement à fendre l'âme.
     
    Ce travers est source de bien des malentendus.
    Je m’accommode parfaitement des malentendus.

  • CDI

    Lætitia, 45 ans, documentaliste, ni moche ni bonne, s'ennuie avec son gentil mari. Elle décide régulièrement de fantasmer sur les Titulaires en Zone de Remplacement de passage au collège. Ça occupe son esprit et son corps en dehors des projets pédagogiques.
    Elle les aime un peu lecteurs, un peu tatoués, un peu tourmentés, un peu ombrageux. Mais pas hyper-sensibles, comme ce dernier qui a failli se suicider en fin d'année scolaire parce qu'elle ne voulait pas quitter Charles. Une vraie poisse.
    Après tout, c'est elle la Bovary. Qu'ils aient l'élégance de lui abandonner cette prérogative.

  • ...

    Il riait de tout sauf de lui.

  • création ?

    Le photographe Oliviaro Toscani déclare dans une interview qu’être créatif, c’est être « rebelle », « ne pas suivre les consignes qu’on nous impose », « faire le contraire de ce que les gens du marketing nous disent de faire ».
    Pourquoi pas.
    Ce que je sais, c’est qu’être rebelle d'abord à soi-même, se méfier de ses propres consignes, savoir parfois faire l’exact contraire de ce qu’on a l’habitude de faire est beaucoup plus exigeant, rigolo et excitant au quotidien. Surtout si l'on applique ce précepte, non seulement à l'art mais à nos gestes et actions les plus ordinaires.
    Appelons ça l'auto-rébellion créative.
     
     
     
    photographie : Récursion de Mola Kucher

     

  • blabla 2023 (suite)

    Je décidai de parler pour ne rien dire et me rendis compte assez rapidement que cet exercice s’avérait moins difficile qu’il en avait l’air. Je m’en étais fait toute une montagne alors que je me révélais assez douée en un temps record, sans me vanter. Je commençai par évoquer les injustices mondiales en poussant des hauts cris indignés et en désignant les coupables du doigt, puis j’enchaînai avec les problématiques liées au dérèglement climatique (je n’y connaissais rien mais j’avais appris par cœur des termes savants que je lâchais de temps en temps dans la conversation et qui eurent leur petit effet sur mes interlocuteurs), enhardie par ma performance, je me mêlai avec joie à des controverses facebookiennes, je disputai avec des inconnus rageurs, j’avais des avis sur tout, j'exposais mes goûts et mes couleurs pendant des heures, je poursuivis l’entrainement en commentant longuement la polémique Sardou-Amarnet et le dernier clash houellebecquien, puis je finis ma journée en consolant une amie qui venait de subir une rupture à coup de sentences telles que « Un de perdu, dix de retrouvés » ou « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». Pour une première, c’était un vrai succès.

     

     

    (texte publié en 2019 mais réactualisé chaque année pour le plaisir !)

  • ...

    Dieu que le cerveau est bête. Dire qu'on s'y fie à chaque instant..

  • répondre

    Comment serais-je en colère ou déçue si je n’espère rien ?
    Je fais ce que j’ai à faire ; les choses vont leur cours.
    Je laisse la vie être inventive. Notre seul talent est de savoir lui répondre
    en temps et en heure.

  • Barbie

    Quand j'avais 6 ans je maltraitais mes Barbie. Ce n'était pas par méchanceté mais parce que leurs membres étaient raides, ne pliaient pas au moment où j'essayais de les habiller ou les déshabiller ; c'était très énervant. Comme je n'étais pas patiente, elles finissaient toujours avec un bras en moins. Ou une jambe. Et comme je ne savais pas quoi faire d'une Barbie unijambiste, je parfaisais mon œuvre en lui coupant les cheveux puis la tête. C'est sûr qu'après ça la mini jupe faisait beaucoup moins stylée...
    Je finissais par enterrer les morceaux dans mon jardin en priant très fort pour leur âme en plastique.

  • dodo

    Raoul aimait à donner son avis sur tout et n’importe quoi arguant du fait qu’il était un homme libre, honnête et franc. Blessait-il des gens ? Ils étaient tous des imbéciles. Lui demandait-on son opinion sur le monde ? Il se passait d’invitation. Son intelligence était supérieure, son goût sûr, sa vision essentielle. L’avantage avec Raoul, c’est qu’il n’avait besoin de personne pour deviser, il s’enjôlait lui-même (du genre à s'auto-liker sur Facebook), ce qui permettait à ses interlocuteurs de s’échapper sans mal ou de prendre un peu de temps pour eux. Bénédicte l’écouta quelques minutes pérorer sur la vie, la société, les femmes, les hommes, les conflits internationaux, le dernier essai littéraire à la mode consacré au délitement de la langue française et finit par s’endormir sur son épaule bercée par la douce logorrhée narcotique. Les coussins du divan étaient moelleux, elle soupira d’aise.

  • imposteurs

    le syndrome de l’imposteur ?
    tout le monde devrait l’avoir, non ?
    imposteurs de nous-mêmes bien sûr
    en premier lieu
    en unique lieu
    tous bidons devant la glace
    là est le délit
     
    pour le reste, pas si grave…
    le monde est fait d’imposteurs qui ne nous dupent que parce que nous le voulons bien.

  • aucune arrière-pensée

    Depuis que je sais tenir un stylo, j’observe le monde et les gens puis je les écris. Pourquoi ? Mystère. Aucune idée. Aucune arrière-pensée. A l’âge de 9 ans, j’écris parce que c’est ce qu’il y a de mieux à faire après lire des histoires, faire du vélo et jouer à l’élastique dans le lotissement avec mes copines. De temps en temps, je fais du porte-à-porte pour vendre des os de seiche ramassés sur la plage que personne n’achète. L’activité est vaine, aussi vaine que l’acte d’écrire et cela n’a aucune importance. J’apprends l’endurance tranquille.
    C’est bien plus tard que l’on me fait entendre qu’écrire est chose sérieuse, affaire d’initiés. J’acquiesce alors pour ne contrarier personne ; ceux qui disent cela ont l’air si attachés au caractère sacré de l’exercice ; je ne veux pas leur faire de la peine.
     
     
     
    Photo : Doisneau, 1961, "leçon de vélo"

  • Le charme s'étiole

    J'ai longtemps préféré les hommes ténébreux, ombrageux et cyniques. Je les trouvais plus divertissants que les autres. Je les pensais plus profonds ; parfois, ils étaient juste plus arrogants, mais sans talent.
    Finalement, c'est comme pour tout, on s'habitue. Le charme s'étiole. La posture atrabilaire continue d'amuser, mais moins. La rhétorique de la déprime se fait plus prévisible. Cela reste touchant. Parfois un peu pathétique, mais touchant (c'est mon côté brave fille qui parle).

  • Malentendus

    Bénédicte mit un peu de temps à se rendre compte que celui qu’elle avait pris pour un magnifique ténébreux romantique à l’âme torturée et passionnée n’était en réalité qu’un gros chieur narcissique et égocentrique.
     
    Marcus mit un peu de temps à se rendre compte que celle qu’il avait prise pour une sublime romantique fragile à l’âme complexe et passionnée était en réalité une grosse chieuse narcissique et égocentrique.

  • bien eue

     
     
    Quand il est parti avec une comédienne
    J’ai pris des cours de théâtre
    Quand il est parti avec une chercheuse du CNRS
    J’ai pris des cours de physique nucléaire
    Quand il est parti avec une comptable
    J’ai pris des cours d’utilisation du logiciel professionnel EBP Compta
    Quand il est parti avec une gogo danseuse
    J’ai pris des cours de pole dance
    Quand il est parti avec une cheffe d’orchestre
    J’ai pris des cours de violon, de cymbales et de hautbois
    Quand il est parti avec une humoriste
    J’ai pris des cours de rire
    Quand il est parti avec personne
    J’ai été bien eue

     
  • hors jeu

    Confidence entre amies
     
    C'est cool de vieillir comme femme. On attire beaucoup moins de monde. C'est la sélection naturelle. Notre vieillissement met hors jeu au moins deux catégories d'hommes : les lourds et les esthètes (qui sont parfois les mêmes). Plus on avance en âge, plus c'est vrai. C'est très reposant.

  • toast-crevettes

    - Et, que pensez-vous de l’étude qui porte son attention sur la revendication d’une « écriture femme » à partir de laquelle des écrivaines ont pu jouer d’une certaine conjoncture sociale et historique dès les années 70 pour retourner le stigmate de l’appartenance sexuée en emblème d’une innovation esthétique, chère madame ?
     
    - Vous savez qu’on va tous mourir ?
     
    - Pardon ?
     
    - Non, rien. Vous ne voudriez pas aller me chercher une nouvelle coupe de champagne et un toast-crevettes, cher Raoul ? J’ai bien peur que le buffet ne commence à s’épuiser…

  • trivial pursuit

    - Madame, ça sert à quoi la "culture générale" ?
    - Je ne sais pas, Fares... A gagner au Trivial Pursuit ?
    - Ma prof de français l'année dernière, elle disait que c'était important d'avoir de la culture générale.
    - Oui : pour gagner au Trivial Pursuit. Elle a raison.
    - Je crois pas que c'est ce qu'elle voulait dire. Elle parlait de lire, aller au cinéma, au théâtre...
    - Aahhhh ! Vous voulez savoir à quoi servent l'art et la littérature ? Je comprends mieux. Ce n'est pas la même chose.
    - Ça sert à quoi alors ?
    - A rien. C'est juste cadeau pour les humains. A vous d'en faire ce que vous voulez.

     
     
     
  • Mystère

    Non messieurs, contrairement à ce que certaines femmes voudraient vous faire croire, nous n’avons absolument rien de mystérieux. Les photos de profil facebookiennes qui jouent le "caché-montré" ne sont qu’une coquetterie, ne vous laissez pas prendre. Ou alors si, mais en faux dupes. Là commence le badinage, qui peut avoir son charme s'il est mené avec grâce et désinvolture.
    Le reste n'est que candeur ou lourdeur.

  • Lire ?

    Lire, lire, lire… que de statuts angéliques sur les vertus de la lecture !
    Pourtant, dieu sait à quel point j’ai pu me polluer la tête de lectures si peu anodines pour l’esprit, et me complaire parfois dans des états limites par amour de la littérature (et d’une certaine image de moi).
    Œuvrer à sa propre mélancolie n’est-elle pas chose dangereuse ?
    Je me méfie de moi-même comme des tiques des bois et n’hésite pas à écouter La Compagnie Créole les jours où mon penchant naturel aurait tendance à rechercher sournoisement la compagnie d’auteurs cafardeux.
    Je retourne me frotter à eux avec plaisir quand je me sens bien ; ils perdent alors leur pouvoir de contamination et je ne les aime que mieux.

  • Démon

    Tu as déjà rencontré le Démon ?

    Moi, oui, plusieurs fois.

    Il mesure 1 mètre 77, il a les yeux verts, les cheveux bruns mi-longs, un nez bizarre, un genou droit tourné vers l'intérieur et des mains aux veines apparentes.

    Il est jaloux, méchant, arrogant, vaniteux, hypocrite, impatient, fainéant, lâche, égoïste, blessant, sournois, injuste, peureux, rossard, médiocre, odieux, indigne, mauvais et fourbe.

    La plupart du temps, il se terre, planqué dans son antre de crapule galeuse et ne bronche pas.

    Mais quand il surgit,
    sans prévenir,
    emporté,
    déchaîné
    abruti et grotesque,
    c'est fou,
    on jurerait que c'est

    moi.

     

     

     

     
     
     
     

     

     
     
     

    Anselm Kiefer, Mann im Wald, 1971

  • validation

    Le travers le plus répandu sur Facebook ? Le besoin constant de validation.
    Je gomme progressivement ce défaut : mon propre avis m'intéresse de moins en moins.

     
  • Marcus

    Marcus, 53 ans, mâchouille sa pizza Hut et grattouille sa guitare. Sandrine a fini par le quitter au bout de trois ans. Un peu trop alcoolo, un peu trop borderline, un peu trop mangeur de restauration rapide à son goût.
    Il sympathiserait bien avec l'une de ses copines un peu bonne : Sonia. Elle est cool Sonia, elle aime bien ses chansons et elle rit à ses blagues, elle like ses copiés-collés Wikipedia sur Facebook et ses citations de philosophes piquées sur Babelio.
     
    A propos :
    ville actuelle : Lyon
    ville d'origine : Francheville
    Emploi : chargée des relations publiques
    Situation amoureuse : C'est compliqué
     
    Ça pourrait coller. Faut voir. Il va l'inviter à son prochain concert. Si ça arrive aux oreilles de Sandrine, ça lui fera les pieds. Ça fait quoi une chargée des relations publiques ? Il a le temps de se renseigner d'ici là. Le "compliqué" ça doit être le Franck avec qui elle est venue dîner il y a trois mois. Inoffensif. On s'en fout.
     
    En attendant, il va liker les deux chansons qu'elle vient de poster sur son mur (Neil Young et Manset), laisser un commentaire sous un selfie d'elle avec son chien ("Il ressemble au beagle de Bob Dylan") et rédiger un statut signé Daniel Darc ("Je suis un Kerouac immobile").

  • par amour de l'humanité

    Je suggère au poète qui abuse du mot "indicible " de se résoudre, par amour de l'humanité, à se taire définitivement.

  • indignation

    L'indignation. La chose la plus aisée et la plus répandue au monde.
    Beaucoup de bruit, beaucoup de rien.
     

  • alter ego

    Les coups de cœur de Marius sont tout aussi fulgurants que ses désaffections. Il s’emballe, s’énamoure, se passionne, mais sitôt qu'il s'aperçoit que l’autre n’est pas en tout point semblable à lui, qu’il ou elle a des aspirations différentes, des pensées divergentes, des préférences éloignées des siennes - c’est-à-dire souvent - il se sent trahi. Il s'emporte alors et rompt avec éclat, accusant cet autre de n’être qu’un falsificateur ou un imbécile.
    Subséquemment, Marius est flatté quand quelqu'un exprime les mêmes goûts que lui et il l'adoube en retour.
    Pourtant, n'est-il pas ridicule de se flatter d'être deux à aimer ou à ne pas aimer les brocolis ? Le brocoli en est-il meilleur ou pire ?
     
    Pris dans ses propres rets, Marius peste contre un monde médiocre peuplé d’êtres qui ont l’extrême mauvais goût de ne pas s'harmoniser à ses lois et principes et repart sans délai à la recherche d’un nouvel "alter ego" à la hauteur de son besoin de validation jamais comblé.

  • Dilettante

    - Pourquoi tu restes assise avec les hommes à la fin du repas quand les femmes sont à la cuisine, Judith ? C'est un geste de militante ? Tu veux nous dire quelque chose ?
     
    - Ah non, pas du tout... C'est un geste de dilettante. Mon penchant naturel pour la farniente...
     
    - Ah...
     
    - ....
     
    - Tu veux un calvados ?
     
    - Je dis pas non... Juste avant la sieste.

  • barbares

    « Quel horrible ogre sexuel que ce Picasso ! Quel salaud machiste que cet affreux Beigbeder ! Pauvres femmes ! » s’indigne Chloé, 25 ans, en scrollant son smartphone. Mais elle s’est mise en retard et doit se dépêcher car elle a rendez-vous avec Marc, père de famille de 45 ans en instance de divorce, qui a abandonné femme et enfants (au nombre de 3) pour elle. Chloé doit annoncer à Marc qu’elle le quitte ce soir. Elle s’est trompée, elle n’est pas amoureuse, elle a mis trois mois pour s’en rendre compte (ça arrive à tout le monde).
    En fait, c’est Mathieu qu’elle aime vraiment. Chloé sait bien que Mathieu se remet tout juste de leur rupture - après un an de dépression et une tentative de suicide – et qu’il vient de rencontrer quelqu’un. Mais c’est elle la femme de sa vie. Il reviendra. Sinon, cela ne fera que confirmer ce qu’elle sait déjà : les hommes ne sont que de méprisables barbares.

  • une bien chouette génération

    Je nourris mon fils au Clos Jouve. Une bonne tranche de veau avec patates grenailles. La mère à la table voisine dit à sa fille qu’elle appartient à une chouette génération. La petite, pas si petite que ça (master 1 ou 2 ?) vient de lui raconter que quatre filles - quatre vigies - sont tombées à bras raccourcis sur Justin qui s’est permis de mettre ses mains sur les hanches de Chloé pendant une danse, le soir de la Saint Patrick.
     
    La jeune fille raconte, sous l’œil attendri de sa maman, que Justin était meurtri d’avoir posé ses mains sur les hanches de Chloé sans son autorisation. Il était dégoûté de lui-même, écœuré même. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Bien sûr, il a présenté dès le lendemain ses excuses à Chloé encore traumatisée du geste déplacé.
     
    Oui, une bien chouette génération.
     
    Mon fils, pendant ce temps, mange avec une joyeuse voracité son steak saignant.

  • crapulerie lyrique

    Oui, à partir des récits de naufrages, de tortures, de guerres, de viols, de persécutions, de souffrances, de violences en tout genre racontés depuis 20 ans par mes élèves migrants, j’aurais de quoi écrire un livre. Un petit recueil, bien dense, bien tragique, bien pathétique, bien émouvant. Oui, je pourrais les prendre en otage tous ces élèves de là-bas et verser dans la crapulerie lyrique, la débauche sensible, la larme à l’œil, dans les festivals poétiques « pour la paix ». Oui, ce serait facile de dorer mon blason en le lustrant à l’aide des guenilles de la misère. Peut-être même que je gagnerai un prix que je pourrai dédier à mes élèves et à tous les damnés de la terre.
     
    Je pourrais même finir par croire à ma probité morale.
     
    Oui, je pourrais.