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En librairie, le 4 décembre 2023.
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En librairie, le 4 décembre 2023.
On ne la voit pas toujours venir la catastrophe
dit-elle
ça dépend de l'angle de vue
ça dépend de la position du corps dans l'espace
pourtant y a des signes
disent-ils
y a toujours des signes
à la catastrophe à venir
quoi ?
un ongle cassé ?
une cheveu blanc sur le lavabo ?
la tache de dentifrice sur le pull
qu'on gratte pendant la réunion ?
Soyez plus clairs
dit-elle
Vous le saurez le signe
disent-ils
tenez, vous le sentirez physiquement,
un souffle sur la nuque
une douleur au genou
une sensation de brûlure sur la plante du pied
du pus dans l’œil
juste un peu
une paralysie furtive du coin gauche de la bouche
une paralysie furtive du coin gauche de la bouche ?
dit-elle
Ce sont des images
ne nous prenez pas au pied de la lettre
tout cela n'est pas bien grave
La catastrophe est peut-être déjà là
si cela peut vous rassurer
et vous ne la voyez même pas
Ce ne sont peut être pas des signes que vous devez chercher
mais les traces mêmes de la catastrophe
ici et maintenant
Tenez, votre chat vient de passer trois fois sa patte sur son oreille droite
une mite alimentaire est en train de pondre ses œufs dans le paquet de céréales bio
la fissure du plafond du salon ne cesse de s'étirer
vos cellules déclenchent elles-mêmes quotidiennement leur auto-destruction
Choisissez VOTRE catastrophe une fois pour toutes
et n'ayez pas la présomption d'en souhaiter d'autres
il en faut pour tous
disent-ils.
Les gens ne se rendent pas compte, Éditions le Clos Jouve, 2022.
DURES COMME LE BOIS, un recueil de nouvelles écrit à quatre mains qui explore les zones grises de notre époque et n’évite aucun terrain glissant. Si ce recueil était un végétal, ce serait assurément un cactus. Si ce recueil était un animal, ce serait le crocodile de Michaux qui rappelle dans Face aux verrous: «Ce n’est pas au crocodile à crier : Attention au crocodile ! »
Judith Wiart & Frédérick Houdaer, éditions Sous le Sceau du Tabellion.
Pour commander le livre en ligne : https://www.sceaudutabellion.fr/catalogue
Pour le commander : https://editions-leclosjouve.org/all_page.asp?page=62&article=187
A bientôt !
Le jeune homme de la COREP s’inquiète de l’aspect de mon manuscrit.
- Vous avez ce qu’il faut pour le relier ?
- Oui, j’ai des baguettes.
- C’est tout ?
- Oui. Ce n’est pas suffisant ?
- Je pense que les éditeurs préfèrent qu’il y ait une fiche plastifiée devant.
- Ah ?
- Oui, ça rend mieux. C’est 40 centimes par fiche.
- Bon d’accord, mettez-m’en 10.
- Oui, mais, vous avez pensé au dos ?
- Le dos ?
- Oui, une feuille cartonnée en dernière page.
- Ah non. Non plus.
- Ah… Alors laissez tomber le plastique si vous n’avez pas de dos.
- Ah bon. D’accord.
- Oui…
- Je vous sens désappointé… Vous trouvez qu’il fait un peu trop cheap comme ça, mon manuscrit ?
- Un peu…
- Vous savez, je pense que la plupart des éditeurs jettent un premier coup d’œil très rapide sur les manuscrits qu’ils reçoivent, lisent les premières pages, les dernières, quelques-unes au milieu et ne s’éternisent pas sur l’aspect esthétique de l’objet… 9 sur 10 finissent en quelques minutes sur un tas de feuillets non lus abandonnés dans un couloir ou un coin de salle. Mais je me trompe peut-être.
- Quand même, le plastique, c’est plus attrayant.
- Alors, disons que le côté baguette-papier correspond plus à ma personnalité : j’aime bien l’aspect brut des choses, je ne suis pas trop ruban doré sur les papiers cadeaux, plastique autour des fleurs.
- Bon, moi, je disais ça, c’est pour vous…
- Et c’est très gentil de votre part. D’ailleurs grâce à vous je pourrai me dire que si ce manuscrit ne reçoit que des réponses négatives, ce sera avant tout à cause de la faiblesse de l’emballage. Cette petite consolation me sera très précieuse.
J’ai 15 ans et j’entreprends de sélectionner dans ma pochette de textes ceux qui seraient dignes d’être publiés dans des revues « littéraires ». J’écarte donc toutes mes nouvelles grinçantes et drôles, mes récits d’horreur, mes récits fantastiques ou ces fausses lettres que je m’amuse à écrire et qui constituent une galerie de portraits caustiques sur le genre humain, bref, tout ce qui me ressemble le plus ; rien de tout cela ne me semble être à la hauteur de ce que je pense être un texte « publiable ».
En un mot, je rejette tout ce que je prends le plus de plaisir à écrire pour ne garder que les textes les plus lourds de mon classeur. Lourds en idées, lourds en forme. Mauvais. Et écrits avec peine. Parce que je pense alors que les textes que je dois envoyer pour être en phase avec l’idée que je me fais du monde poétique et littéraire sont forcément des textes « pénétrants » et « graves » qui révéleront aux lecteurs ma profondeur intrinsèque et ma riche intériorité. Me voilà en pleine posture et imposture. Et, bien sûr, personne pour me le dire. Mais j’ai 15 ans et ce n’est pas si grave.
Heureusement, passé 30 ans, plus personne n’agit ainsi, plus personne ne prend des poses d’écrivain, plus personne ne se fait une fausse idée de ce qu'est la littérature, la poésie, plus personne n'essaie de séduire le lecteur quitte à y perdre sa vérité, plus personne n’essaie de coller à...
Ce serait si grotesque et la supercherie serait si vite démasquée.
A 11 ans, j’ai remporté le 1er prix d’un concours organisé par les Editions de l’Amitié et on m'a demandé de choisir entre 50 livres de littérature jeunesse ou une journée avec un écrivain à Paris - un écrivain valait donc 50 livres ? - j'ai choisi sans hésiter de rencontrer l’auteur. A Paris ou ailleurs.
Nicole Vidal m’a baladée pendant 8 heures sur son scooter à travers la ville. On a mangé des glaces et des crêpes, on a discuté toute la journée comme de vieilles copines qui ne se seraient pas revues depuis longtemps. Elle m’a raconté ses voyages en Amérique du Sud, ses tours du monde à moto, son enfance en Indochine, ses petits boulots. Devant la cage des éléphants du zoo de Vincennes, je lui ai raconté les histoires que je gribouillais sur le bureau de ma chambre et elle m’a demandé de choisir le titre du roman qu’elle était en train d’écrire après m’en avoir fait un résumé.
J’ai réfléchi, puis j’ai dit : La Nuit des Iroquois.
Je l’ai reçu un an plus tard dans ma boite aux lettres, il m’était dédié. Un mot à l’encre bleu ciel était ajouté sur la première page : « A Judith (Juju pour les amis) avec l’espoir que ce livre la décidera à écrire les jolies histoires qu’elle m’a racontées. Affectueusement, Nicole Vidal ». Le sort était jeté.
Nous ne sommes jamais revues mais nous avons correspondu pendant vingt ans, puis elle est morte. Je ne l'ai su que parce que les lettres se sont arrêtées un jour.
Chaque mot jeté sur une feuille depuis cette rencontre est en partie dédié à ma fée baroudeuse.
OYEZ, OYEZ !
PARUTION DU RECUEIL PING-PONG écrit et photographié à quatre mains par Judith Lesur et Judith Wiart.
Nous serons très honorées de vous rencontrer
le JEUDI 6 FÉVRIER
à l’ATELIER ROYAL (28 rue Paul Chenavard, Lyon 1er)
à 19h30 pour une LECTURE-PING-PONG-EXPOSITION éphémère.
Le recueil sera en vente (18 euros).
Vous pouvez dès à présent le réserver grâce au bon de commande ci-dessous (tirage limité à 80 exemplaires).
Bien à vous tous.
J&J
Un jour quelqu’un m‘a dit que je lisais trop. Ma première réaction a été de prendre cet individu pour un imbécile. C’était la meilleure celle-là. Pour qui se prenait-il ? J’étais surtout vexée comme un pou, car derrière cette assertion s’en cachait une autre : je ne savais pas vivre.
Enfin si : je savais manger, boire, dormir, aller travailler, rencontrer des gens, donner mon opinion, faire la fête, aller et venir dans la société, faire un enfant même, mais est-ce que je m’étais déjà posé les bonnes questions sur la vie, sur ma relation aux autres et à moi-même ? Est-ce que je m’étais déjà arrêtée deux secondes pour me voir vraiment, voir les autres ? Est-ce que la somme de textes que j’avais lus, que j’avais ingurgités, les formules apprises par cœur, les belles citations copiées-collées, ma bibliothèque pleine, m’avaient aidée à vivre, à donner du sens, à comprendre quelque chose et à faire de moi un être en conscience ?
Vous vous souvenez de la question de Clarisse à Montag dans Fahrenheit 451 : " Etes-vous heureux ?". Elle est bête. Elle révolutionne tout.
Il m’aura fallu cinq années entre cette remarque et sa prise en considération progressive pour sentir s’opérer un vraiment virement en moi. Pour comprendre que l’on peut se donner l’illusion de vivre pendant très longtemps et, ce, en toute bonne foi. Qu'on peut passer une vie à se mentir à soi-même, à se voir tel qu'on a envie de se voir, à se mystifier pour rester dans une zone de confort satisfaisante pour l'égo. Qu’on peut passer toute une vie à lire, à donner des cours, à faire des conférences, à fréquenter des milieux culturels, à avoir des avis sur tout sans faire bouger un iota de sa propre humanité. Qu’on peut passer sa vie dans une recherche d’idéal, dans un fantasme, dans un rêve éveillé, qu’on peut passer sa vie « en littérature » sans jamais toucher terre.
Ce n’est évidemment pas le fait de lire qui est problématique en soi mais l’idée de croire qu’une vie passée à lire est une vie passée à vivre. Ça peut être vrai, mais ça peut être faux. Si une autre dimension n’émerge pas à un moment donné. Pour faire passer les « carpe diem », et autres citations à tatouage, à une mise en pratique effective et réelle, pour passer du slogan mécanique « Tous ensemble, tous ensemble » à l’Essence même de la formule. Y a du sacré boulot. Y a du boulot sacré. Ô Yeah.
Pour la sixième rencontre de Récits en chantier nous recevons Judith Wiart.
Nous sommes tombées sous le charme de ses textes rencontrés tout d’abord sur les réseaux sociaux.
Ce sont des textes brefs, des instantanés où elle observe le monde avec acuité et tendresse. Son regard aiguisé et amusé saisit toujours les travers cocasses de notre quotidien. Ses terrains d’observation sont variés : les bars, les rues, les transports en commun, la Croix-Rousse, le lycée professionnel…Nous sommes, chacun de nous, personnage des polaroïds de Judith Wiart car elle s’attache à tous, aux jeunes, aux vieux, aux couples, aux nouveaux pères, aux mères bobos, aux chats….
Nous l’entendrons le jeudi 10 octobre à 19 heures à la galerie
Jean Louis Mandon, 3 rue Vaubecour, 69002, LYON.
ENTRÉE LIBRE.
Elmone Saillard-Trepoz et Maryse Vuillermet
- Et pourquoi ne poétises-tu pas, Judith ?
- Parce que j'ai lu Montaigne.
- Oui ?
- Oui. Tu as un instant ? Je cite :
"Je ne puis supporter mes vers. Il est permis de faire le sot ailleurs, mais non dans la poésie, mediocribus esse poetis/non dii, non homines, non concessere columnae. [Ni les dieux ni les hommes ni les colonnes où s'affichent leurs livres ne permettent la médiocrité aux poètes.] Plût à dieu que cette phrase se trouvât au fronton des boutiques de tous nos imprimeurs pour en défendre l'entrée aux versificateurs, Verum/Nil securius est malo poeta. [mais rien n'a plus d'assurance qu'un mauvais poète].
Dans Les Essais, Livre II, chapitre XVII, Sur la présomption.
- Ah, d'accord.
- Voilà. Une autre question ?
Ne joue pas avec les allumettes
Enlève tes mains de ta culotte
Descends de là mais descends de là
Ne cours pas comme ça
Attends-moi
Ne caresse pas le chat il est sale
Coiffe-toi mais coiffe-toi donc
Arrête de sauter partout
Tu vas me rendre folle
Ne mets pas tes doigts dans la prise
On peut mourir
Tu ne veux pas mourir, dis ?
A se procurer d'urgence (sans vouloir vous commander)
Fast-food, c'est un livre politique qui te colle au cerveau comme une sauce barbecue.
Attention, pas le politique qui brandit des pancartes pour te dire où penser, hein. C'est pas le genre de Grégoire Hadrien Damon (pour ce que j'en sais). Non. Celui qui, l'air de rien, te renvoie au système et te le fait quiètement imploser au bout des lignes avec un rythme d'écriture aussi nerveux et créatif qu'un rush d'une heure dans une salle de restauration rapide.
L'indispensable de la littérature, quoi.
http://lamarerouge.hautetfort.com/list/blogs-que-j-aime/gregoire-damon.html
- Il parait que Black Lips a écrit ce titre après avoir lu Armaguédon strip de Frédérick Houdaer.
- C'est pas possible, il sort aujourd'hui en librairie.
- Ah ? Ben, c'est une sorte d'Annonciation, alors.