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Réseau social

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    Il riait de tout sauf de lui.

  • blabla 2023 (suite)

    Je décidai de parler pour ne rien dire et me rendis compte assez rapidement que cet exercice s’avérait moins difficile qu’il en avait l’air. Je m’en étais fait toute une montagne alors que je me révélais assez douée en un temps record, sans me vanter. Je commençai par évoquer les injustices mondiales en poussant des hauts cris indignés et en désignant les coupables du doigt, puis j’enchaînai avec les problématiques liées au dérèglement climatique (je n’y connaissais rien mais j’avais appris par cœur des termes savants que je lâchais de temps en temps dans la conversation et qui eurent leur petit effet sur mes interlocuteurs), enhardie par ma performance, je me mêlai avec joie à des controverses facebookiennes, je disputai avec des inconnus rageurs, j’avais des avis sur tout, j'exposais mes goûts et mes couleurs pendant des heures, je poursuivis l’entrainement en commentant longuement la polémique Sardou-Amarnet et le dernier clash houellebecquien, puis je finis ma journée en consolant une amie qui venait de subir une rupture à coup de sentences telles que « Un de perdu, dix de retrouvés » ou « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». Pour une première, c’était un vrai succès.

     

     

    (texte publié en 2019 mais réactualisé chaque année pour le plaisir !)

  • Mystère

    Non messieurs, contrairement à ce que certaines femmes voudraient vous faire croire, nous n’avons absolument rien de mystérieux. Les photos de profil facebookiennes qui jouent le "caché-montré" ne sont qu’une coquetterie, ne vous laissez pas prendre. Ou alors si, mais en faux dupes. Là commence le badinage, qui peut avoir son charme s'il est mené avec grâce et désinvolture.
    Le reste n'est que candeur ou lourdeur.

  • Lire ?

    Lire, lire, lire… que de statuts angéliques sur les vertus de la lecture !
    Pourtant, dieu sait à quel point j’ai pu me polluer la tête de lectures si peu anodines pour l’esprit, et me complaire parfois dans des états limites par amour de la littérature (et d’une certaine image de moi).
    Œuvrer à sa propre mélancolie n’est-elle pas chose dangereuse ?
    Je me méfie de moi-même comme des tiques des bois et n’hésite pas à écouter La Compagnie Créole les jours où mon penchant naturel aurait tendance à rechercher sournoisement la compagnie d’auteurs cafardeux.
    Je retourne me frotter à eux avec plaisir quand je me sens bien ; ils perdent alors leur pouvoir de contamination et je ne les aime que mieux.

  • validation

    Le travers le plus répandu sur Facebook ? Le besoin constant de validation.
    Je gomme progressivement ce défaut : mon propre avis m'intéresse de moins en moins.

     
  • indignation

    L'indignation. La chose la plus aisée et la plus répandue au monde.
    Beaucoup de bruit, beaucoup de rien.
     

  • art-édredon

    Littérature-confort, art-édredon.
     
    Oui, un jour les films, les livres ne feront plus réagir personne, leurs propos seront édifiants et pédagogiques, les artistes seront des modèles de vertu (ou des militants, ce qui revient au même), et tout le monde s'ennuiera beaucoup.
     
    Pourquoi se donner tant de mal ? Pour ma part, je n’ai jamais eu besoin de personne pour bâiller. Ce matin, à peine levée, j’avais déjà envie de me recoucher.
     
     
     
     
     
    Illustration : F. Vallotton

  • crapulerie lyrique

    Oui, à partir des récits de naufrages, de tortures, de guerres, de viols, de persécutions, de souffrances, de violences en tout genre racontés depuis 20 ans par mes élèves migrants, j’aurais de quoi écrire un livre. Un petit recueil, bien dense, bien tragique, bien pathétique, bien émouvant. Oui, je pourrais les prendre en otage tous ces élèves de là-bas et verser dans la crapulerie lyrique, la débauche sensible, la larme à l’œil, dans les festivals poétiques « pour la paix ». Oui, ce serait facile de dorer mon blason en le lustrant à l’aide des guenilles de la misère. Peut-être même que je gagnerai un prix que je pourrai dédier à mes élèves et à tous les damnés de la terre.
     
    Je pourrais même finir par croire à ma probité morale.
     
    Oui, je pourrais.

  • banal

    Vouloir à tout prix être original avant même d'avoir le talent d’être tranquillement banal.

  • rien

    Et toi, t'en penses quoi ?
    Rien.
    Vraiment rien.
    Pourquoi faudrait-il toujours penser quelque chose ?
    Et pourquoi faudrait-il systématiquement commuer nos pensées en palabres ?
    Le monde est déjà assez assourdissant de paroles vaines et ennuyeuses.
    Un peu de compassion pour nos contemporains.
    Ou alors, en chantant.
    Oui, comme le dit le sage : "Le monde est plus marrant, c'est moins désespérant en chantant".

  • Vous avez dit éco-anxiété ?

    La chroniqueuse de France Culture s’extasia sur la conscientisation politique et écologique de cette génération Z + qui se battait tous les jours pour l’avenir de la planète, mue par un syndrome d’éco-anxiété symptomatique des 15-20 ans. Et, la chroniqueuse de France Culture tout émue par ce combat altruiste, oublia de parler des jeunes de la même tranche d’âge mus, eux, par un syndrome d’anxiété tout court lié non pas au sort de la planète ou à une vision prospective des cinquante prochaines années mais à leurs conditions de vie présente et aux perspectives d’avenir qui leur étaient offertes par la société actuelle.
    Ce n’était pas que les jeunes de la deuxième catégorie n’en eussent rien à cirer du réchauffement climatique et de l’agonie de la terre et des hommes, mais tenter de sauver leur peau et ne pas sombrer dans la dépression chronique leur prenait déjà beaucoup de temps et d’énergie au quotidien.
    On leur répétait qu’ils avaient mangé leur pain blanc et qu’ils se devaient de devenir éco-responsable. Cool, le chauffage était coupé depuis longtemps. Mais de quel pain blanc pouvait-il s'agir ?

  • sobriété

    baissez le chauffage
    ne vous embrassez pas
    ne restez pas sous la douche
    si vous aimez vos proches, ne vous approchez pas
    éteignez la lumière
    ne circulez plus
    restez chez vous
     
    faites des économies
     
    vous n'arrivez déjà pas à finir le mois ?
    c'est con pour vous
     
    sortez vos acryliques
     
    c'est moche ?
    tant pis pour vous
     
    soyez sobres
    restez à distance
    restez masqués
     
    vous avez mangé votre pain blanc
     
    il était déjà rassis ?
    dommage pour vous
     
    je baisse, j’éteins, je me flingue ?
     
    comme vous y allez
     
    mais dans ce cas
    vous êtes prié de ne pas déprimer les autres
     
    souriez vous êtes filmé

     
  • subversif subventionné

    Un jour, le mot « citoyen.ne » finit par complètement remplacer les mots « individu » et « personne » qu’on ne trouvait même plus dans les dictionnaires. L’homme qui ramassait un papier gras sur la plage ne se désignait plus comme « humain », « bipède », « mammifère » mais comme « citoyen responsable au service de la collectivité ». Les programmations des théâtres ne proposaient plus d’œuvres à visée artistique mais des objets idéologiques édifiants propres à éclairer le/la « citoyen.ne-républicain.e ». Les musées croulaient sous les expositions « pédagogiques » et les seuls livres vendus en librairie n’étaient plus que des essais sentencieux destinés à donner des clés pour accéder à un monde meilleur. Chacun agissait pour sa paroisse identitaire et communautaire et l'artiste se voyait peu à peu remplacé par le gentil animateur culturel. La subversion était subventionnée.
     
    Bref, tout cela avait bien commencé à complètement foirer à un moment de l’Histoire de l’humanité, mais quand précisément, Marcus n’était pas en mesure de répondre ; il était déjà né quand la poésie elle-même n’était devenue qu’un ramassis de textes conformes aux valeurs normatives de l’époque : érotisme poseur et blabla sociétal. Seule certitude : l’art et la littérature étaient morts depuis longtemps et tout le monde semblait très bien s'en porter.
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Illustration : « Minuit, l’heure blasonnée » (1961), de Toyen, huile sur toile.

     
     
     
  • Partout et nulle part

    Depuis le début, on essayait de m’enrôler, je le sentais bien.
    « Femme tu es : tu appartiens à la société des femmes. Rejoins notre combat. » m’a-t-on dit.
    « Ah bon ? » me suis-je étonnée « A peine suis-je née, dois-je déjà choisir un camp, être en guerre contre quelqu’un ? ».
    « Et si je déserte, quelle sera ma punition ? » ai-je ajouté (un peu plus tard, le temps d'évaluer la situation sous tous les angles).
    Des épaules se sont levées « Pffff… ». Je n’y mettais vraiment pas du mien.
     
    C'est à ce moment que je suis allée voir ailleurs si j’y étais :
    j’étais partout et nulle part ; ça me convenait parfaitement.
     
    Et le plus beau c'est qu'il y avait là-bas, partout et nulle part, des hommes et des femmes de bonne volonté.

  • Barouf

    Dans ma bibliothèque, parfois, je fais exprès de ranger les uns contre les autres des auteurs qui ne peuvent pas se sentir. Morts ou vivants.
    Cet auteur aujourd'hui mort ne supporterait pas de côtoyer cet auteur vivant. Cet écrivain vivant n'a que mépris pour cet auteur mort. Cet auteur vivant déteste de notoriété publique cet écrivain vivant. Ces deux poètes morts ne pouvaient pas se voir en peinture.
     
    La nuit, il arrive que tout le monde s'engueule. Je suis obligée d'intervenir :
     
    - Hé ! Oh ! C'est pas bientôt fini ce barouf !
     
    La dernière fois, j'ai entendu grommeler :
     
    - Pour qui elle se prend celle-là ?
     
    mais quand j'ai allumé la lumière, personne n'a bronché.

  • Paie ta révolution

    Dans les années 2020, "le monde du mannequinat" vit poindre des tentatives de rébellion sporadiques qui consistaient à glisser des femmes âgées, des filles à formes, des filles à poils, des filles handicapées, des filles brûlées, des filles souffrant de vitiligo, des filles naines, dans les défilés de haute couture. Ces profils atypiques commençaient même à apparaitre dans les publicités télévisées et sur les couvertures de magazines féminins.
     
    Moi, bêtement, j'attendais le moment où ces nouvelles héroïnes se mettraient à vomir sur le tapis rouge, à cracher sur les créateurs de mode, à agonir d'insultes les spectateurs, à pisser sur le jury, à atomiser le décor de ceux qui les avaient si ostensiblement ignorées durant des décennies. Je pensais qu'une révolution sourde était en germe. Que tout allait exploser à la gueule des sales pourvoyeurs de "beauté" qui, soudainement, pour répondre à une "nouvelle éthique commerciale incluante" organisaient des castings "anti-discrimination" partout sur la planète.
     
    Mais que dalle. Je finis par comprendre que les nouvelles recrues voulaient elles aussi faire partie du système. Après avoir craché avec violence sur les grandes gigues stéréotypées qui peuplaient l'"univers de la mode" et, ce faisant, "trahissaient leurs sœurs", elles voulaient "en être" elles aussi. Oui, depuis le début, c'est ce qu'elles voulaient. Bien sûr, interrogées, elles déclaraient avec solennité : " Il faut faire bouger les choses de l'intérieur ". Mais la vérité c'est que des armées de filles de tous genres, de toutes formes, de toutes tailles, de tous âges, jouaient du coude pour offrir leurs corps au Grand Capital qui, tout surpris - n'en demandant pas tant - prenait ce qu'il y avait à prendre. Comme toujours.

     

     

  • Gratitude

    Gratitude envers tous ceux que j’aime,
    Ça, c’est une évidence,
    (Quoique je ne l’exprime pas si souvent,
    Et c’est un tort),
    Mais gratitude également,
    envers les autres
    et surtout ceux
    et qui auraient tendance à provoquer en moi un élan de désolidarisation de l’être humain.
    Gratitude, oui,
    envers cet homme tout rouge et gesticulant qui joue les petits chefs et m’invite à la compassion pour celui qui semble ne toujours pas avoir compris qu’il allait mourir demain,
    gratitude
    envers cet homme qui éructe son opinion inébranlable sur ce réseau social, cherchant la polémique, s’acharnant à avoir raison et qui me montre où ne surtout pas placer toute ma précieuse énergie de la journée,
    gratitude encore,
    envers cette femme dont la face déformée par la colère et le ressentiment me rappelle de quoi j’ai l’air quand je me laisse aller à l’aigreur et à la rancune,
    gratitude, oui,
    envers cette femme qui met son casque sur ses oreilles alors que son petit garçon de trois ans est en train de lui parler, de tester ma capacité à ne pas foutre mon poing dans le nez à tous les personnes dégoûtantes croisées dans la journée,
    gratitude, gratitude,
    envers les extrémistes de tous poils qui s’accrochent comme des forcenés à leurs opinions et qui m’indiquent, par là-même, le chemin du doute et de la distance,
    gratitude encore,
    envers cet homme qui me prend pour une idiote et qui ne sait pas à quel point je peux l’être vraiment quand je veux,
    gratitude,
    envers tous les vivants-morts qui me montrent la voie de la désertion des espaces mortifères et qui, par conséquent, désignent sans le vouloir, celui de la vie,
    gratitude, oui,
    envers cette femme pleine de culpabilité et de masochisme (orgueil, orgueil) qui m’apprend à ne pas me mortifier inutilement,
    gratitude, gratitude,
    envers cet homme qui fronce les sourcils d’un air exagérément sévère lors de mon entretien et qui me rappelle que tout est un jeu où chacun joue son rôle, rien de plus (vraiment, rien de plus)
    gratitude envers tous ceux qui me rappellent que je ne suis pas grand-chose, ou si peu, et qui m’indiquent, chaque jour un peu plus,
    la direction de mes priorités vitales,
    de moins en moins nombreuses
    et que je peux compter
    aujourd’hui
    sur les doigts
    d’une seule main.
    Oh oui,
    gratitude. ❤

  • Bad boys

    A presque 45 ans, Pamela fantasmait encore sur les bad boys, les mecs rock'n'roll comme elle disait, un peu poètes un peu trash (elle kiffait les mots fuck et éjaculation dans la poésie), mais, en cachette, elle lisait avec une grande assiduité son horoscope guettant tous les signes d'une romance à l'eau surannée de rose. Elle voulait "qu'on l'aimât pour ce qu'elle était" (comme Bridget Jones dans Le Journal). En fait, elle rêvait secrètement l'avénement d'un Mark Darcy tout en passant son temps à tenter de séduire tous les Daniel Cleaver de passage.

    Où cette quête contradictoire allait-elle bien la mener ?

  • Allô

    En 2022, on ne distinguait plus les personnes qui parlaient toutes seules dans la rue de celles qui parlaient à un téléphone invisible - grâce à des oreillettes invisibles. Et, quand on prenait le temps d’écouter ce que ces locuteurs-là disaient, on se rendait rapidement compte qu’eux aussi ne faisaient que se parler à eux-mêmes, quand ils semblaient s’adresser à un interlocuteur. De longs, indigents, ennuyeux, pénibles soliloques se faisaient écho dans les avenues, les centres commerciaux et les transports en commun. Y avait-il quelqu’un au bout du fil ? Rien n’était moins sûr. Peut-être le récepteur de l’appel avait-il déjà posé depuis longtemps son smartphone dans un coin de la pièce et vaquait à ses occupations sans prêter l’oreille au discours sans fin de l’appelant, mais le plus probable était que l’appelé lui-même déroulait en réponse un monologue interminable sans attention pour le galimatias de son correspondant.
    2022 correspondait à une acmé de l’ère du blabla ; et ceux qu’on considérait à présent comme les fous ancestraux – les causeurs solitaires - étaient beaucoup moins inquiétants que la nouvelle engeance de jacteurs automatisés qui avait zombifié la ville.

  • Les villes des mois d'août

    Les villes des mois d’août sont comme vides de tout
    Et cependant emplies de pauvres et de fous.
    Celui-là, sur un banc, mange un gros bout de mou
    Tandis que sa voisine le regarde, debout.
     
    Toi, voyeuse cachée, bien planquée dans un coin
    Penses-tu ô naïve échapper au dessin ?
    Les mois d’août des villes font de tous les présents
    Des complices, des frères, sociétaires du moment.
     
     
     
     
     
     

  • mea culpa

    Après avoir diffusé pendant deux ans des vidéos de propagande anti-épilation, prôné la liberté de s’émanciper du joug des diktats qui pèsent sur le corps féminin et exhibé ses poils d’aisselles avec une assiduité militante, la Youtubeuse annonce aujourd’hui à ses 125 K abonné.e.s d’un air grave et solennel sa décision mûrement réfléchie de se raser de nouveau et déroule pendant quinze minutes un argumentaire visant à expliciter les raisons qui ont conduit à ce revirement qui ressemble à un dédit.
     
    Quinze minutes d'un mea culpa argumenté et étayé à l'attention des regards du monde entier tournés vers ses poils et ses dessous de bras puisque, sans doute, de l’existence ou de l’absence de ces poils d’aisselles dépend l’évolution des conflits mondiaux, des luttes armées, des suicides planétaires, des famines, de l’esclavage moderne, du chiffre d’affaire d’Amazon, de la faille de San Andreas, de l’équilibre du système cosmique.
     
    Elle se lève pour saluer ses fans en joignant ses deux mains en signe de contrition. La dernière image de la capsule s'éternise quelques secondes sur un joli nombril percé.

  • danse macabre

    Valériane ancienne victime devenue bourreau prend très à cœur son nouveau statut et, comme tous ses amis victimes, développe des trésors d’inventivité pour se venger durablement de ses anciens tortionnaires qui, de leur côté, investissent consciencieusement leur nouveau rôle de victimes et en savourent les pleins et les déliés en attendant que leurs petits enfants renversent de nouveau la vapeur et continuent de perpétuer la lancinante danse macabre du bourreau et de la victime fusionnels et complices jusqu’à la nuit des temps.

     

     

     

     

    Illustration : Franciszek Lekszycki

  • Pas de quoi...

    Dans mon semainier, j'ai entouré en très gros, en très fluo, "11h15" sur la colonne du vendredi 5 mars.
     
    Rien à côté. Pas de nom, pas de note, pas d'adresse.
    Juste en très gros, en très fluo un cercle autour de "11h15".
    Demain, donc, en fin de matinée, il se passera
    quelque chose,
    quelque part,
    sans moi.
    Ce qui est vrai depuis des siècles et des siècles, partout dans le monde, à toutes les heures du jour et de la nuit.
     
    Pas de quoi en faire un fromage.

  • Panique

    Bénédicte était en totale panique. Alors qu’elle était le soir-même l’invitée référente d’une table ronde intitulée « Sois belle et tais-toi : la publicité, antre du sexisme ? », Stanislas, son coiffeur attitré, lui faisait faux bond et elle ne parvenait pas à remettre la main sur son petit chemisier en soie vert assorti à ses yeux qui mettait si bien en valeur sa svelte silhouette.

  • La maman étanche

    7h10, ligne A, bébé dans sa poussette lève les yeux vers maman, son bonnet, ses écouteurs, son smartphone, son écharpe, son masque. C’est bon, il reste encore les yeux.
     
    Ah non, ils sont fermés.

  • les garçons

    Les garçons aussi ont besoin de nous
    les garçons ont besoin de nous
    au même titre que les filles
    les garçons ont besoin
    vraiment besoin
    ils ne sont pas plus forts
    ils ne sont pas plus sûrs
    ils ne sont pas plus solides
    non
    pas plus robustes
    l’élève écrit
    « à chaque fois que je la vois
    je recule d’un pas
    elle sourit quand elle me voit
    pourtant j'ai peur d’elle
    je recule d’un pas, vite »
    les garçons ont peur
    de ne pas être à la hauteur
    les garçons disent des bêtises
    sur les filles
    parce qu’ils n’y comprennent
    pas grand-chose
    souvent rien
    les garçons ont besoin de nous
    ils ne sont pas moins fragiles
    ils ne sont pas moins vulnérables
    les garçons aussi
    ont besoin
    d’être pris dans nos bras
    consolés
    protégés
    d’eux-mêmes parfois
    si on veut éviter la catastrophe
    la grande catastrophe
    du
     
    trop tard
     
     

     
  • lutte

    Si la colère qui t'anime
    est plus destructrice que créatrice,
    si la lutte que tu mènes,
    aussi légitime soit-elle,
    exclut plus qu'elle ne rassemble,
    si la lutte que tu mènes
    dépose dans ton cœur
    plus d'aigreur que de joie,
    alors…

  • Les voeux de la Mare Rouge

    2021 :
     
    Soyez toujours prêt à être surpris.
     
    Swami Prajnanpad.
     
     
    LOVE

  • Amours clandestines

    Il fallait bien admettre un fait. Depuis le début du XXIe siècle, qui correspondait à la démocratisation et la banalisation de l'usage du smartphone, les amants modernes vivaient leurs amours clandestines et adultères - aussi romantiques et passionnées fussent-elles - en grande partie

     

    aux toilettes.

  • instagrammable

    A ma naissance, mon grand-père avait engueulé ma mère : Tu l’appelles Judith ? Mais tu es inconsciente ! Tu te rends compte s’IlS reviennent…

     

    Jusqu’à mes 5 ans, il m’appellera « la môme Juju », puis il mourra.

     

    Quand je vois aujourd’hui la photo de cette adolescente qui pose dos cambré, poitrine en avant, moue Instagram sur les rails qui mènent à l’entrée du camp d’Auschwitz, je pense à Marceau, à ses mots, à sa peur.

     

    Et ce qui m’effraie, moi, aujourd’hui, c’est cette image impossible de l’Abomination prenant la forme d’une jolie jeune fille souriante, pas plus méchante qu’une autre, répondant certainement à l’injonction d’une amie qui tient l’appareil - le smartphone qui permettra de balancer l’image dans la seconde sur sa page facebook :

     

    Cambre-toi un peu plus, oui, super, on voit bien l’entrée derrière toi, ne bouge plus !

     

    Clic.

     

    Même pas néo-nazie, même pas antisémite. Juste instagrammable.