- Quel don n'aimerais-tu pas avoir ?
- Lire dans les pensées des gens.
- Même dans les miennes ?
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Si l'on exclut les génocides, l'invention de la gégène, des talons aiguilles, du fond de teint et du string
la vie humaine n'est finalement pas si décevante que cela
dans son ensemble.
Quand tu étais enfant, tu faisais le cochon pendu à cinq mètres au-dessus du sol de gravier dans des cages à écureuil, de vraies structures de la mort. Tu glissais sur des toboggans géants qui manquaient de t'éjecter à chaque bosse. Tu grimpais dans des arbres grands comme des baobabs et tu te balançais de branche en branche, tout en haut. Tu partais dans la mer, accroupie dans de petits bateaux gonflables incertains, et tu ramais avec les mains, super loin de la plage.
Entre cinq et douze ans, tu t'en souviens, tu as été courageuse.
La petite mélancolie qui étreint le prof au moment du réglage de l'alarme du réveil
chaque veille de rentrée...
image : No Place Like Hulme | Images of Hulme, Manchester in the 1970s, 80s & 90s. – British Culture Archive
Il m'est apparu progressivement de plus en plus troublant de constater que le packaging des produits d'entretien ménager finissait par ressembler à celui des produits cosmétiques haut de gamme.
Je résiste, pour ma part, de plus en plus péniblement à l'envie de m'enduire de gel vaisselle à l'aloe vera sous la douche, de me faire des gommages à la lessive en poudre bio, de me glisser dans un bain moussant de capsules nettoyantes citronnées, de m'envelopper du parfum orange-cannelle du désodorisant d'intérieur.
Plus récemment, j'ai remarqué avec inquiétude que les croquettes pour chat trois étoiles commencent elles aussi à me faire de l’œil au petit déjeuner au côté de mes céréales préférées...
Tu crois que ça peut arriver une fille rohmerienne qui s'éprendrait d'une leg press dans une salle de sport ?
C'est l'heure où le prof plonge à contrecœur la main dans le cartable pour y pêcher l’implacable paquet de copies qui l'attendait depuis le dernier jour de cours avant les vacances.
Dans le même temps, il a une pensée pour ses élèves qui se rendent compte qu'il ne leur reste que 3 jours pour commencer les 300 pages du roman donné à lire en septembre.
A chacun sa calamité.
Je ne suis pas celle qui attend. Je ne me cache pas dans les bois en patientant mon tour.
Je ne me fais pas discrète.
Je suis l'intranquille aux aguets, mon impatience est sauvage.
Je tire droit, je tire de travers, trop vite, trop tôt. C'est fait.
Est-ce que je m'en mords les doigts ?
Je ne laisse pas l'inconnu approcher. Je le flaire à distance. Je le prospecte.
Je passe mon chemin.
Je suis la chatte d'Istanbul.
Je sprinte entre les engins des rues pour te retrouver.
En fin de course, je me jette dans toi tête baissée, mon quartier intime, mon clan.
Tu avais vraiment cru que tu possèderais à vie les couronnes dorées, les guirlandes argentées, les boules scintillantes, la flèche plantée crânement au sommet ? Qu'à tes pieds on n'en finirait de déposer offrandes et oboles et que le monde jetterait à jamais sur toi des regards extasiés ?
Personne ne t'avait dit que vient toujours le temps des sapins sur le trottoir ?
Les plus fortunés d'entre vous finissent par se consumer dans l'âtre de ceux qui vous portaient aux nues il y a peu...
"Le leader nord-coréen Kim Jong-Un vient d'affirmer que le "bouton nucléaire est sur son bureau en permanence" (...) informez-le que moi aussi j'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne!"
Donald Trump, Tweet, 3 janvier 2018
Image tirée du film Idiocracy, 2007, réalisateur : Mike Judge
Une très vieille dame, voûtée, un peu bossue, soutenue par deux coiffeuses du salon, car elle peine à se déplacer, est installée à côté de moi au bac.
J'aperçois les doigts déformés, noueux, arthrosés, la main veineuse et les tâches brunes qui forment des ilots inégaux sur la peau fine.
Elle demande une manucure avant le shampoing.
Après cela, ses ongles sont de petits boutons d'émail délicats, les plus jolis ongles que j'aie jamais vus de ma vie.
A VOUS TOU.TE.S, AMI.E.S,
BON.N.E AN.NEE !
(ou comment progresser en écriture inclusive en 2018)
Grande sauterelle,
grande girafe,
t'as vu, t'as un genou qui rentre en dedans,
on voit tes veines sous ta peau ça fait comme un plan d'Atlas Michelin,
tu fais de l'anorexie ?
ferme la bouche tu vas rayer le plancher,
tu vas le garder combien de temps cet appareil ?
c'est pas normal, avec des jambes comme ça tu devrais être bonne au saut en hauteur,
tes cheveux tu devrais les permanenter,
tu te rases pas les jambes ?
t'as les seins de Birkin,
si tu veux des seins, mange du Boursin.
Allo, allo le MLF 74 ! La petite Jane fait encore des siennes !
Je lui ai donné mon cœur. Et puis, après, je ne sais pas. Ça a dégénéré.
Aurora consurgens, St. Gallen 15th century (Zürich, Zentralbibliothek, Ms. Rhenoviensis 172, fol. 19v)
- Tu as vu ce qu'on lui a mis à l'année 2017, finalement ?
- Oui. Et, on ne peut pas dire que c'était du tout cuit dès le départ.
- Give me five, my love.
http://fuegodelfuego.blogspot.fr/2017/09/nouveaux-delits-n18-special-guatemala.html
- Ça y est le chat. Il le refait.
- Quoi le chat ?
- Il vient se mettre entre nous deux juste maintenant. Et qu'est-ce qu'on est en train de faire ?
- On regarde un film ?
- Oui. Et quel film ?
- Hôtel des Amériques ?
- Un film avec CATHERINE DENEUVE. Il rapplique TOUJOURS quand on regarde un film avec Catherine Deneuve. T'as pas remarqué ?
- Maintenant que tu le dis...
- Ouais.
Speculum humanae salvationis, France 1470-1480 (Marseille, Bibliothèque municipale, ms. 89, fol. 30v)
Guillaume de Machaut, Le Dit du Lion, Paris ca. 1390 (BnF, Français 22545, fol. 66v)
Top of the lake, saison 2. Jane Campion.
Grand rue de la Croix-Rousse, des pigeons à moignons s'affairent sur le trottoir et me toisent d'un œil farouche quand j'arrive à leur hauteur. J'ai envie de leur dire que moi non plus je n'aime pas particulièrement cette agitation humaine des jours autour de noël. Je me contente de leur transmettre un fist bump mental solidaire en passant.
Tous nos cernes bleus se sont donné rendez-vous dans le métro du matin.
L'homme joue sur son portable, il a une tache de dentifrice sur la joue,
la femme lit Temps glaciaires de Fred Vargas,
l'adolescente se maquille sans jamais faire dépasser son mascara ou son rouge à lèvres,
le bébé fixe le panneau indicateur des stations en serrant très fort son doudou,
la maman se mouche et tousse, le menton enfoncé dans une écharpe qui peluche.
Que tout le monde se rassure, nous n'assisterons pas de si tôt au trépas du passé simple car les élèves ADORENT l'utiliser,
même quand on ne leur demande pas,
même quand on leur demande d'utiliser le passé-composé,
même quand on leur INTERDIT de l'utiliser !
C'est vrai, souvent, ils le malmènent, le souillent, le retournent dans tous les sens, lui font connaître les pires outrages (j'en rougis devant mes copies) mais ils insistent, persistent, s'acharnent, s'évertuent consciencieusement à lui faire honneur... à leur façon.
Il pouva, il parta, ils prenèrent, je dansa, tu finissas, il mangirent, je m'en alla, je fuya.
Passé-simple FOREVER.
Le paquet de cigarettes, lancé en l'air, est retombé sur une tranche. C'est pas de pot. Jusqu'à présent, il avait chaque fois atterri sur l'une de ses faces. Le gage-baiser change selon la réception du paquet sur le sol plastifié de la tente.
Pile : une bise sur la joue.
Face : un simple baiser sur la bouche (le smack).
Sur une tranche : un french kiss.
Suivant la règle du jeu, à contrecœur, je ferme les yeux pour désigner à l'aveugle un garçon dans le groupe faisant face à celui des filles. J'entends un long murmure côté filles, des rires côté garçons. Olivier, le plus beau garçon de la colo (selon le classement des 12-14 ans de sexe féminin) s'avance. Je n'ai aucune envie d'embrasser le plus beau garçon de la colo devant une dizaine d'ados rigolards, avec mon acné, mes cheveux courts, mes pas de seins, mes pas de fesses, mes cuisses de sauterelles et mon appareil dentaire. Je suis prise d'une grande compassion pour Olivier qui attend l'air interrogatif. Je me soumets au gage, rouge, transpirante, consciente du grotesque de la scène.
Le lendemain, le bruit court dans toute la colo que je suis sortie avec Olivier, ce qui me confère une aura momentanée, rapidement piétinée par le verdict irréductible d'Olivier :
Elle sait pas embrasser, elle met pas la langue