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Trois jours auparavant, une amie lui avait offert une fleur qui avait la particularité d'éclore superbement tout en dégageant une odeur pestilentielle.
Depuis, elle attendait avec une certaine appréhension teintée d'excitation l'avènement CONJOINT de la beauté et de la répulsion.
Il se penche à mon oreille : "La fille derrière toi, avec les boucles d'oreilles rouges (non, ne te retourne pas tout de suite), elle vient d'étaler sur son toast de la pâtée pour chat. Elle a cru que ça faisait partie des pâtes à tartiner de l'apéritif. Je n'ai pas osé le lui dire... et, je suis un peu inquiet car les chats ne la digèrent pas très bien. Tu peux la surveiller ?"
Un jour, à Saint-Jouin-Bruneval, village normand proche du Havre dans lequel nous sommes surnommés « Les Communistes », la maman d’une fillette de mon âge vient annoncer à ma mère que sa fille Katia a lu avec moi et chez nous des « livres pornographiques », qu’elle en a parlé à table et en paraissait très choquée. Ma mère, interloquée s’interroge (se demandant, un instant, si mon père ne dissimule pas des revues érotiques sous le matelas). Je dois me résigner à aller chercher les objets obscènes et licencieux : des bd de Lauzier, M. Veyron, Bretecher et quelques Hara-Kiri devant lesquels nous avons gloussé durant quelques minutes cachées derrière le canapé deux jours auparavant.
La maman de Katia demande expressément que ces livres soient hors d’atteinte et de vue quand la petite viendra chez nous, menaçant ma mère de ne plus autoriser sa fille à se rendre dans notre famille si cette condition n’est pas respectée.
« Votre fille ne viendra donc plus chez nous, car je me refuse à toute censure littéraire et artistique dans ma maison »
Le lendemain, dans le village, notre dénomination clanique s’est enrichie de l'épithète "dépravés".
Moi, je pensais, jusqu'à aujourd'hui, que mes anciens élèves restaient à vie dans une espèce d'état immuable d'adolescence. Une nature d'élève permanente, en quelque sorte. En fait, non. Ils travaillent, voyagent, vivent en Bulgarie, repartent pour le Cambodge et font leurs courses au super U croix-Rousse où ils ont 38 ans.
Je n'ai que faire de Johnny, sa musique ne m'inspire pas la nostalgie d'une quelconque époque de ma vie, mais ce matin, dans le bus, quand l'une de ses chansons est passée à la radio (même pas une bonne), j'ai sensiblement perçu qu'un fil invisible reliait chacun des inconnus de la ligne 2 à l'écoute de cet air. Nos pensées matinales et éparses convergèrent quelques minutes vers une même appréhension du moment. Ce n'était pas un instant de rien.
Il était à Paris. Elle lui souhaitait, de Lyon, une assez bonne soirée, car elle avait du mal à se faire à l'idée qu'il pouvait passer une excellente soirée loin d'elle (bien sûr, elle se sentait immédiatement coupable de cette pensée peu généreuse).
Je ne crois pas à l'amitié entre les hommes et les femmes.
Sait-il qu'à l'instant où il prononce cette phrase, il se condamne dans le même temps à ne pouvoir jamais m'annoncer, dans notre futur, une amitié féminine naissante sans que je ne le renvoie à cette idée proférée un jour de juin ?
Je ne peux m'empêcher d'imaginer sa parade pour échapper à son incohésion.
Dans le bus C18, l'enfant de 8 ans questionne une jeune fille qui semble être sa baby-sitter. La maturité poétique de ses questions me surprend assez pour me sortir de ma lecture. Elle répond chaque fois avec grand sérieux.
Je suis un peu déçue quand je me rends compte, un peu plus tard, qu'ils jouent à ni oui ni non.
Rétablissons une vérité scientifique naturaliste : le porc n'est ni un obsédé sexuel ni un violeur.
En revanche, le dauphin, SI.
S'il n'est donc pas du tout pertinent de parler de "porc" ou de "cochon" pour désigner un homme-prédateur sexuel, il serait ainsi tout à fait légitime d'évoquer le dauphin.
Balance ton dauphin. (Je sais, ça va nous faire bizarre au début, mais il n'y pas de raison pour que ceux qui n'ont rien fait paient pour les autres).
La CPE : Pourquoi tu te balades avec du sel en sachet et pourquoi en as-tu lancé dans les yeux de ton camarade ? L’élève 1 : Ben, le sel je le prends à la cantine, hein, parce que je paie la cantine moi et que j’ai le droit de prendre le sel et le poivre et la mayonnaise, parce que je paie ! La CPE : Soit. Mais maintenant explique-moi pourquoi tu en as jeté dans les yeux de l’autre élève ? L’élève 1 : Parce qu’il m’a dit : « Ta sœur elle suce des bites toute la journée » ! C’est dégueulasse, parce que j’ai une sœur, elle est handicapée ! La CPE se tournant vers l’élève 2 : Mais pourquoi tu lui as dit ça !? On ne dit pas des choses pareilles ! L’élève 2 : Mais, je savais pas qu’elle était handicapée sa soeur !! La CPE : Mais CA NE SE DIT PAS ! L’élève 2 : Oui ben SI j’AURAIS SU qu’il avait une sœur handicapée j’aurais dit : « Ta sœur, PAS L’HANDICAPEE MAIS L’AUTRE, elle suce des bites toute la journée ! »
La première boutique dans laquelle j'entre à Aubenas, attirée par les tissus des robes et les sacs exposés en vitrine, est tenue par une lyonnaise croix-roussienne...
8 ans. Ma mère me demande ce que je faisais enfermée dans ma chambre tout à l'heure avec Patricia Mésanger la petite voisine d'à côté, pourquoi je ne voulais pas ouvrir. Depuis dix minutes, je baisse la tête sur mes raviolis que je ne parviens pas à avaler. Ils sont froids à présent. Je ne veux pas dire à ma mère qu'on s'amusait à faire l'amour dans mon lit superposé, sur la couchette du haut. On mimait ce que l'on pense être l'acte sexuel, on jouait à l'homme et à la femme. Ça nous amusait et nous excitait en même temps. Je ne veux pas le dire car j'ai honte sans savoir exactement de quoi je dois avoir honte. Je fixe à présent la citrouille éventrée sur l'affiche punaisée au-dessus de la table de la cuisine, une reproduction de nature morte. Je fixe les pépins et la chair orange. Mon regard va de la citrouille aux raviolis. Je ne veux pas croiser le regard de ma mère.
Elle insiste.
Je finis par dire que c'est Patricia qui voulait jouer à faire l'amour.
Ma mère me dit que c'est mal, qu'il ne faut plus recommencer.
Le lendemain, sur le chemin de l'école je dis à Patricia qu'elle ne doit plus me demander de faire cela que c'est mal et que je ne le referai plus jamais. Elle me répond très justement que c'était mon idée.
Liste ambitieuse de résolutions à exécuter avant le nouvel an
tester la recette de "risotto automnal à la courge butternut" aimantée depuis 5 ans sur mon frigo,
maîtriser assez l'accord du participe passé des verbes pronominaux pour ne pas avoir à consulter la page 187 de mon Grevisse en cours (et, ainsi, emporter l'immense respect et révérence de mes étudiants),
me rendre plus de 6 fois à la salle de sport (à laquelle je ne suis pas encore inscrite)
m'inscrire, donc, dans une salle de sport,
lors du prochain vide-dressing entre copines n'acheter que des vêtements que je suis certaine de porter (pour éviter de me retrouver avec des trenchs rouges en skaï accrochés au porte-manteau depuis 5 ans),
changer radicalement de rire,
rire à propos,
dresser mon chat à ne plus me réveiller à cinq heure du matin à coups de patte répétés sur la bouche,
ne plus faire de plein au Super U quand j'ai faim (même problème que pour le vide-dressing),
dans les soirées, ne plus imposer La Java de Broadway aux personnes qui ne me veulent pas de mal.
Parce qu'il passait le plus sombre de son temps à ricaner méchamment sur le monde, sa bouche finit en une seule fente maline sans plus de lèvres pour embrasser les filles ou les garçons sans plus de dents pour mordre la pomme ou la peau.
Les conseils de survie que l'on trouve sur facebook sont la raison pour laquelle j'hésite à me désinscrire.
3. Si vous avez été enfermée dans un coffre d'auto : enfoncez les phares arrière, puis passez votre bras dans l'ouverture et agitez-le frénétiquement. Cela attirera l'attention de tous à l'exception du conducteur. Un conseil qui a déjà sauvé des vies.
Sur le canapé de ses parents, il m'a quiètement transmis toute sa force solennelle d'humain juste né. Je lui ai transmis, en retour, tout ce que je pouvais de fracas de tendresse et d'aspiration à user et abuser de la vie.
Personne n'en a rien deviné sans doute. Mais ça s'est passé exactement comme ça.
Le poète dit que ce qu'il préfère chez les femmes, ce sont leurs épaules. Il lui dit qu'elle a de très belles épaules, que ce débardeur lui va bien, qu'il a envie de planter ses dents dans la peau quand il la voit comme ça.
Mais, il rappelle qu'il est poète, et photographe aussi, qu'il a des projets artistiques, dont un pourrait la concerner. Il a l'idée de prendre en photo des corps nus de femmes sur lesquels il écrirait des textes. Tu veux dire que tu écrirais des textes sur les photos ? Non, des textes écrits à l'encre sur les corps de femmes, par moi. J'aimerais bien que ton corps participe à ce projet.
Elle se demande ce que racontait son grand-père photographe et sérigraphiste à ses modèles pour les convaincre de le suivre et de se dévêtir dans son sous-sol aménagé en labo... Il était boulanger-pâtissier mais a eu, lui aussi, des projets pour le corps des femmes toute sa vie.
Hier, j'ai croisé ma très vieille petite voisine du 6e étage. Elle s'est mise a pleurer en évoquant son mari mort il y a quelques mois. Elle n'imagine pas passer le nouvel an sans lui. Cette seule pensée la plonge dans un désarroi inconsolable. Quand la porte de l'ascenseur s'est refermée sur elle, j'avais son petit visage tragique et hagard planté dans la rétine.
Elle a eu le temps de répondre à ma question : combien de temps avez-vous vécu ensemble ?
- 50 ans.
Je me suis de nouveau dit que la passion amoureuse circonscrite dans le temps était vraiment un truc à la portée du premier imbécile venu. Un truc de petits joueurs du dimanche.
Moi, ma fille, je lui mettrai de gros tampons si elle bouge. T'as qu'à voir déjà avec mes neveux et nièces à la gare, hier, de GROS tampons ! Personne se penchera sur sa poussette, hein. J'suis un gitan. Ce sera la fille d'un gitan. Et voilà pour les gens qu'aiment pas les gitans! VLAN ! Une petite gitane sur terre. Et j'espère un petit gitan, après. Et même six. Je fais pas des enfants pour moi, hein. C'est pour mon père qui est mort. Mon fils, je lui expliquerai comment on fait des bébés s'il me demande (geste corporel imitant un coït rudimentaire). Mais si c'est une fille, hein, non. Je lui expliquerai pas. J'lui dirai autrement... (pensif)
Elle aura toutes les marques. Je lui achèterai TOUTES les marques. Oh, j'te jure, tu m'connais. Ses premières lunettes de soleil ce sera 300 boules. Pas moins de 300 boules.
- C'est trop cher pour une petite fille.
Oh ! C'est MA fille, hein ! Tu m'connais ! QUE des marques, elle aura. Et un maillot parisien. Dès la naissance. Je suis Parisien, moi. Ma fille, elle sera Parisienne aussi. Même si elle vit en Ardèche.
- Mais, tu vas pas lui acheter un maillot de foot, c'est une fille.
"La météo marine sur France Inter, c’est un petit bulletin d’information écrit dans la langue énigmatique des marins, qui mine de rien, est entré dans l’imaginaire d’un grand nombre de personnes" (France Culture, A l'écoute de la météo marine).