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La Mare Rouge - Page 21

  • Lyon/Paris

    Il était à Paris. Elle lui souhaitait, de Lyon, une assez bonne soirée, car elle avait du mal à se faire à l'idée qu'il pouvait passer une excellente soirée loin d'elle (bien sûr, elle se sentait immédiatement coupable de cette pensée peu généreuse). 

     

  • juin

    Je ne crois pas à l'amitié entre les hommes et les femmes.

    Sait-il qu'à l'instant où il prononce cette phrase, il se condamne dans le même temps à ne pouvoir jamais m'annoncer, dans notre futur, une amitié féminine naissante sans que je ne le renvoie à cette idée proférée un jour de juin ?

    Je ne peux m'empêcher d'imaginer sa parade pour échapper à son incohésion.

  • C18

    - Quel âge as-tu ?

    - Combien de miroirs as-tu chez toi ?

    - Tu aimes la pluie ?

    Dans le bus C18, l'enfant de 8 ans questionne une jeune fille qui semble être sa baby-sitter. La maturité poétique de ses questions me surprend assez pour me sortir de ma lecture. Elle répond chaque fois avec grand sérieux.

    Je suis un peu déçue quand je me rends compte, un peu plus tard, qu'ils jouent à ni oui ni non.

  • gentil dauphin

    Rétablissons une vérité scientifique naturaliste : le porc n'est ni un obsédé sexuel ni un violeur.

    En revanche, le dauphin, SI.

    S'il n'est donc pas du tout pertinent de parler de "porc" ou de "cochon" pour désigner un homme-prédateur sexuel, il serait ainsi tout à fait légitime d'évoquer le dauphin.

    Balance ton dauphin.
    (Je sais, ça va nous faire bizarre au début, mais il n'y pas de raison pour que ceux qui n'ont rien fait paient pour les autres).

  • sel

    La CPE : Pourquoi tu te balades avec du sel en sachet et pourquoi en as-tu lancé dans les yeux de ton camarade ?
    L’élève 1 : Ben, le sel je le prends à la cantine, hein, parce que je paie la cantine moi et que j’ai le droit de prendre le sel et le poivre et la mayonnaise, parce que je paie !
    La CPE : Soit. Mais maintenant explique-moi pourquoi tu en as jeté dans les yeux de l’autre élève ?
    L’élève 1 : Parce qu’il m’a dit : « Ta sœur elle suce des bites toute la journée » ! C’est dégueulasse, parce que j’ai une sœur, elle est handicapée !
    La CPE se tournant vers l’élève 2 : Mais pourquoi tu lui as dit ça !? On ne dit pas des choses pareilles !
    L’élève 2 : Mais, je savais pas qu’elle était handicapée sa soeur !!
    La CPE : Mais CA NE SE DIT PAS !
    L’élève 2 : Oui ben SI j’AURAIS SU qu’il avait une sœur handicapée j’aurais dit : « Ta sœur, PAS L’HANDICAPEE MAIS L’AUTRE, elle suce des bites toute la journée ! »

  • Aubenas-Cx-Rousse

    La première boutique dans laquelle j'entre à Aubenas, attirée par les tissus des robes et les sacs exposés en vitrine, est tenue par une lyonnaise croix-roussienne...

  • Soierie

    Table d'à côté, deux femmes : C'est vrai que les hommes ne verbalisent pas beaucoup.

  • poings

    J'ai dans l'un de mes poings un dé,

    dans l'autre une amulette

    que je serre tous deux très fort pour conjurer le sort.

  • quand

    Quand la première égratignure ?

  • Le goût des larmes dans les raviolis.

    8 ans. Ma mère me demande ce que je faisais enfermée dans ma chambre tout à l'heure avec Patricia Mésanger la petite voisine d'à côté, pourquoi je ne voulais pas ouvrir. Depuis dix minutes, je baisse la tête sur mes raviolis que je ne parviens pas à avaler. Ils sont froids à présent. Je ne veux pas dire à ma mère qu'on s'amusait à faire l'amour dans mon lit superposé, sur la couchette du haut. On mimait ce que l'on pense être l'acte sexuel, on jouait à l'homme et à la femme. Ça nous amusait et nous excitait en même temps. Je ne veux pas le dire car j'ai honte sans savoir exactement de quoi je dois avoir honte. Je fixe à présent la citrouille éventrée sur l'affiche punaisée au-dessus de la table de la cuisine, une reproduction de nature morte. Je fixe les pépins et la chair orange. Mon regard va de la citrouille aux raviolis. Je ne veux pas croiser le regard de ma mère.

    Elle insiste.

    Je finis par dire que c'est Patricia qui voulait jouer à faire l'amour.

    Ma mère me dit que c'est mal, qu'il ne faut plus recommencer.

    Le lendemain, sur le chemin de l'école je dis à Patricia qu'elle ne doit plus me demander de faire cela que c'est mal et que je ne le referai plus jamais. Elle me répond très justement que c'était mon idée.

     

  • résolument

    Liste ambitieuse de résolutions à exécuter avant le nouvel an

     

    • tester la recette de "risotto automnal à la courge butternut" aimantée depuis 5 ans sur mon frigo,
    • maîtriser assez l'accord du participe passé des verbes pronominaux pour ne pas avoir à consulter la page 187 de mon Grevisse en cours (et, ainsi, emporter l'immense respect et révérence de mes étudiants),
    • me rendre plus de 6 fois à la salle de sport (à laquelle je ne suis pas encore inscrite)
    • m'inscrire, donc, dans une salle de sport,
    • lors du prochain vide-dressing entre copines n'acheter que des vêtements que je suis certaine de porter (pour éviter de me retrouver avec des trenchs rouges en skaï accrochés au porte-manteau depuis 5 ans),
    • changer radicalement de rire,
    • rire à propos,
    • dresser mon chat à ne plus me réveiller à cinq heure du matin à coups de patte répétés sur la bouche,
    • ne plus faire de plein au Super U quand j'ai faim (même problème que pour le vide-dressing),
    • dans les soirées, ne plus imposer La Java de Broadway aux personnes qui ne me veulent pas de mal.

     

     

     

     

  • karaoké

    Je jure de ne jamais dire à personne que j'ai réussi à faire chanter du Sardou en karaoké à une bande de communistes pas si saouls que cela.

  • (

    Parce qu'il passait le plus sombre de son temps à ricaner méchamment sur le monde, sa bouche finit en une seule fente maline sans plus de lèvres pour embrasser les filles ou les garçons sans plus de dents pour mordre la pomme ou la peau.

     Voilà.

  • survie

    Les conseils de survie que l'on trouve sur facebook sont la raison pour laquelle j'hésite à me désinscrire.

    3. Si vous avez été enfermée dans un coffre d'auto : enfoncez les phares arrière, puis passez votre bras dans l'ouverture et agitez-le frénétiquement. Cela attirera l'attention de tous à l'exception du conducteur. Un conseil qui a déjà sauvé des vies.

     

     

     

     

     

     

     

    Photo : Candy G.

  • Léonard

    Hier, j'ai tenu un tout petit bébé dans mes bras.

    Sur le canapé de ses parents, il m'a quiètement transmis toute sa force solennelle d'humain juste né. Je lui ai transmis, en retour, tout ce que je pouvais de fracas de tendresse et d'aspiration à user et abuser de la vie.

    Personne n'en a rien deviné sans doute. Mais ça s'est passé exactement comme ça.

     

  • Le pain

    Parfois, à la maison, je fais du pain juste pour que cela sente bon le pain quand ceux que j'aime sont de retour dans la maison.

  • Projet

    Le poète dit que ce qu'il préfère chez les femmes, ce sont leurs épaules. Il lui dit qu'elle a de très belles épaules, que ce débardeur lui va bien, qu'il a envie de planter ses dents dans la peau quand il la voit comme ça.

    Mais, il rappelle qu'il est poète, et photographe aussi, qu'il a des projets artistiques, dont un pourrait la concerner. Il a l'idée de prendre en photo des corps nus de femmes sur lesquels il écrirait des textes. Tu veux dire que tu écrirais des textes sur les photos ? Non, des textes écrits à l'encre sur les corps de femmes, par moi. J'aimerais bien que ton corps participe à ce projet.

     

    Elle se demande ce que racontait son grand-père photographe et sérigraphiste à ses modèles pour les convaincre de le suivre et de se dévêtir dans son sous-sol aménagé en labo... Il était boulanger-pâtissier mais a eu, lui aussi, des projets pour le corps des femmes toute sa vie.

     

  • 50 ans

    Hier, j'ai croisé ma très vieille petite voisine du 6e étage. Elle s'est mise a pleurer en évoquant son mari mort il y a quelques mois. Elle n'imagine pas passer le nouvel an sans lui. Cette seule pensée la plonge dans un désarroi inconsolable. Quand la porte de l'ascenseur s'est refermée sur elle, j'avais son petit visage tragique et hagard planté dans la rétine.

    Elle a eu le temps de répondre à ma question : combien de temps avez-vous vécu ensemble ?

    - 50 ans.

    Je me suis de nouveau dit que la passion amoureuse circonscrite dans le temps était vraiment un truc à la portée du premier imbécile venu. Un truc de petits joueurs du dimanche.

    50 ans ou rien.

     

     

  • Spirou

    Cet été, à Bruxelles, j'ai fait pleurer Spirou.

  • fondue hip hop

    Le  jour où son fils de 17 ans lui demanda l'appartement pour organiser une soirée

    FONDUE SAVOYARDE-HIP HOP

    elle sut que le fossé générationnel était irréductiblement infranchissable.

     

  • coule une rivière

    Moi, ma fille, je lui mettrai de gros tampons si elle bouge. T'as qu'à voir déjà avec mes neveux et nièces à la gare, hier, de GROS tampons ! Personne se penchera sur sa poussette, hein. J'suis un gitan. Ce sera la fille d'un gitan. Et voilà pour les gens qu'aiment pas les gitans! VLAN ! Une petite gitane sur terre. Et j'espère un petit gitan, après. Et même six. Je fais pas des enfants pour moi, hein. C'est pour mon père qui est mort. Mon fils, je lui expliquerai comment on fait des bébés s'il me demande (geste corporel imitant un coït rudimentaire). Mais si c'est une fille, hein, non. Je lui expliquerai pas. J'lui dirai autrement... (pensif)

    Elle aura toutes les marques. Je lui achèterai TOUTES les marques. Oh, j'te jure, tu m'connais. Ses premières lunettes de soleil ce sera 300 boules. Pas moins de 300 boules.

    - C'est trop cher pour une petite fille.

    Oh ! C'est MA fille, hein ! Tu m'connais ! QUE des marques, elle aura. Et un maillot parisien. Dès la naissance. Je suis Parisien, moi. Ma fille, elle sera Parisienne aussi. Même si elle vit en Ardèche.

    - Mais, tu vas pas lui acheter un maillot de foot, c'est une fille.

    C'est pas une fille, c'est MA fille.

  • Coutin


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  • Tu penses parfois

     

    Tu penses parfois à Françoise Hardy le jour où Dutronc lui a dit qu'il tournait avec Romy Schneider ?

    Tu penses parfois à Simone Signoret le jour où Montand lui a dit qu'il tournait avec Marilyn Monroe ?

    Tu penses parfois à Jennifer Aniston le jour où Pitt lui a dit qu'il tournait avec Angelina Jolie ?

    Tu penses parfois à Renée le jour où Belmondo lui a dit qu'il tournait avec Ursula Andress ?

     

    Ils ont tous dit : "Ne t'inquiète pas, ma chérie"

     

     

     

  • Mer agitée

    "La météo marine sur France Inter, c’est un petit bulletin d’information écrit dans la langue énigmatique des marins, qui mine de rien, est entré dans l’imaginaire d’un grand nombre de personnes" (France Culture, A l'écoute de la météo marine).

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  • Rockit


    Herbie Hancock, Rockit


    deux jours de suite,

    à 7h15,


    station de métro Hôtel de ville-Louis Pradel.

    Et pour la première fois, je me demande qui a ce pouvoir de concevoir la playlist matinale des TCL.

     

     

  • Bleus

    Quand je tangue comme ça,

    Je me cogne un peu aux entournures,

    Ca n'est pas très confortable.

    Au réveil, j'ai des bleus (Il faut dire que je marque facilement).

     

    Il me dit ménage-toi.

  • Soupe

    Pamela se rêve cerise sur les gâteaux mais doit bien se rendre à l'évidence, le plus souvent elle n'est que cheveu sur les soupes.

  • Post-vacances

    Non mais je t'assure que je fais de drôles de rêves de post-vacances en ce moment.

  • Autre chambre.

    Alors, j'ai vu du ciel. J'ai entendu des oiseaux. J'ai senti arriver l'orage, les nuages avançaient très vite. J'ai senti l'air venteux pénétrer dans ma chambre. J'ai vu le vent s'engouffrer dans les branches des arbres et les affoler, sous ma fenêtre.

    Allongée sur mon lit, adossée à mon coussin, je vois les trois derniers étages de l'immeuble d'en face. Je perçois les sons feutrés de ses appartements, les bruits des familles, le bruit des télévisions, le bruit des radios. Mais ce sont des bruits au loin. Ce ne sont pas des bruits gênants. Ce sont des bruits rassurants de vie de gens.

    J'ai pensé à Fenêtre sur cour, j'ai pensé au Décalogue Tu ne seras pas luxurieux. Les fenêtres sont nombreuses, en face. Qui derrière ?