Le petit singe de la ménagerie du Jardin d'acclimatation de Paris,
je ne comprends pas tout de suite ce qu'il fait
derrière la grande baie vitrée qui nous sépare de lui.
De sa main droite, il étale une matière terreuse, sombre, sur la surface en verre.
Il dessine quatre traits d'une vingtaine de centimètres, verticaux, espacés d'un pouce environ.
Il va chercher derrière lui la glaise et, avec deux doigts, l'écrase de haut en bas, sur le verre.
Je le vois maintenant,
il y a des traces de son art pariétal sur toute la longue surface de la cloison vitrifiée.
Il nous fixe de son regard noir, grave et mélancolique de primate de jardin d'acclimatation
qui donne de mauvais rêves aux humains,
et,
de sa main droite,
le petit singe de la ménagerie du Jardin d'acclimatation de Paris,
va chercher la merde fraîchement sortie de son anus
et
l'étale,
encore
et encore,
pour matérialiser,
opiniâtrement,
méthodiquement,
toute sa pleine
exécration de nous.