On joue à chat perché
dans tous les coins de l'appartement
le jeu est de grimper le plus haut possible
parfois on fait tomber des meubles
et on casse des bibelots
(on n'est pas très matérialistes)
On joue à cache-cache
un jour il ne m'a pas trouvée pendant très longtemps
je me suis endormie
à mon réveil il cherchait des poux dans ma tignasse
ça a mal fini
(façon de parler)
On joue à loup où es-tu m'entends-tu
je me laisse dévorer exprès
pour l'amadouer je lèche son crâne lisse
mais il plante ses dents dans ma nuque
je ne peux plus bouger
c'est le jeu de la proie domptée
(ou presque)
On joue à Colin-maillard
je lui bande les yeux
je l’étourdis en le faisant tourner
je l’agace avec mon boa mauve pour le guider
la dernière fois, toutes les plumes ont volé
du boa, il n’est rien resté
(Le bandeau a fini à mes poignets)
On joue à 1, 2, 3 soleil !
je deviens une statue de sel
mais il change la règle en cours de jeu
je ne dois pas bouger
même quand il vient me chatouiller
je ris je pleure je me tortille
(le gage n'est jamais le même)
On joue à la marelle
à cloche-pieds main dans la main
on jette le caillou
on avance sans se lâcher
on tombe sur la case "enfer"
(et alors ?)
Gérald Bloncourt | enfants jouant à la marelle dans la rue, Paris, 1960