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  • Dilettante

    - Pourquoi tu restes assise avec les hommes à la fin du repas quand les femmes sont à la cuisine, Judith ? C'est un geste de militante ? Tu veux nous dire quelque chose ?
     
    - Ah non, pas du tout... C'est un geste de dilettante. Mon penchant naturel pour la farniente...
     
    - Ah...
     
    - ....
     
    - Tu veux un calvados ?
     
    - Je dis pas non... Juste avant la sieste.

  • barbares

    « Quel horrible ogre sexuel que ce Picasso ! Quel salaud machiste que cet affreux Beigbeder ! Pauvres femmes ! » s’indigne Chloé, 25 ans, en scrollant son smartphone. Mais elle s’est mise en retard et doit se dépêcher car elle a rendez-vous avec Marc, père de famille de 45 ans en instance de divorce, qui a abandonné femme et enfants (au nombre de 3) pour elle. Chloé doit annoncer à Marc qu’elle le quitte ce soir. Elle s’est trompée, elle n’est pas amoureuse, elle a mis trois mois pour s’en rendre compte (ça arrive à tout le monde).
    En fait, c’est Mathieu qu’elle aime vraiment. Chloé sait bien que Mathieu se remet tout juste de leur rupture - après un an de dépression et une tentative de suicide – et qu’il vient de rencontrer quelqu’un. Mais c’est elle la femme de sa vie. Il reviendra. Sinon, cela ne fera que confirmer ce qu’elle sait déjà : les hommes ne sont que de méprisables barbares.

  • une bien chouette génération

    Je nourris mon fils au Clos Jouve. Une bonne tranche de veau avec patates grenailles. La mère à la table voisine dit à sa fille qu’elle appartient à une chouette génération. La petite, pas si petite que ça (master 1 ou 2 ?) vient de lui raconter que quatre filles - quatre vigies - sont tombées à bras raccourcis sur Justin qui s’est permis de mettre ses mains sur les hanches de Chloé pendant une danse, le soir de la Saint Patrick.
     
    La jeune fille raconte, sous l’œil attendri de sa maman, que Justin était meurtri d’avoir posé ses mains sur les hanches de Chloé sans son autorisation. Il était dégoûté de lui-même, écœuré même. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Bien sûr, il a présenté dès le lendemain ses excuses à Chloé encore traumatisée du geste déplacé.
     
    Oui, une bien chouette génération.
     
    Mon fils, pendant ce temps, mange avec une joyeuse voracité son steak saignant.

  • crapulerie lyrique

    Oui, à partir des récits de naufrages, de tortures, de guerres, de viols, de persécutions, de souffrances, de violences en tout genre racontés depuis 20 ans par mes élèves migrants, j’aurais de quoi écrire un livre. Un petit recueil, bien dense, bien tragique, bien pathétique, bien émouvant. Oui, je pourrais les prendre en otage tous ces élèves de là-bas et verser dans la crapulerie lyrique, la débauche sensible, la larme à l’œil, dans les festivals poétiques « pour la paix ». Oui, ce serait facile de dorer mon blason en le lustrant à l’aide des guenilles de la misère. Peut-être même que je gagnerai un prix que je pourrai dédier à mes élèves et à tous les damnés de la terre.
     
    Je pourrais même finir par croire à ma probité morale.
     
    Oui, je pourrais.