- Et pourquoi ne poétises-tu pas, Judith ?
- Parce que j'ai lu Montaigne.
- Oui ?
- Oui. Tu as un instant ? Je cite :
"Je ne puis supporter mes vers. Il est permis de faire le sot ailleurs, mais non dans la poésie, mediocribus esse poetis/non dii, non homines, non concessere columnae. [Ni les dieux ni les hommes ni les colonnes où s'affichent leurs livres ne permettent la médiocrité aux poètes.] Plût à dieu que cette phrase se trouvât au fronton des boutiques de tous nos imprimeurs pour en défendre l'entrée aux versificateurs, Verum/Nil securius est malo poeta. [mais rien n'a plus d'assurance qu'un mauvais poète].
Dans Les Essais, Livre II, chapitre XVII, Sur la présomption.
- Ah, d'accord.
- Voilà. Une autre question ?