Le jeune homme de la COREP s’inquiète de l’aspect de mon manuscrit.
- Vous avez ce qu’il faut pour le relier ?
- Oui, j’ai des baguettes.
- C’est tout ?
- Oui. Ce n’est pas suffisant ?
- Je pense que les éditeurs préfèrent qu’il y ait une fiche plastifiée devant.
- Ah ?
- Oui, ça rend mieux. C’est 40 centimes par fiche.
- Bon d’accord, mettez-m’en 10.
- Oui, mais, vous avez pensé au dos ?
- Le dos ?
- Oui, une feuille cartonnée en dernière page.
- Ah non. Non plus.
- Ah… Alors laissez tomber le plastique si vous n’avez pas de dos.
- Ah bon. D’accord.
- Oui…
- Je vous sens désappointé… Vous trouvez qu’il fait un peu trop cheap comme ça, mon manuscrit ?
- Un peu…
- Vous savez, je pense que la plupart des éditeurs jettent un premier coup d’œil très rapide sur les manuscrits qu’ils reçoivent, lisent les premières pages, les dernières, quelques-unes au milieu et ne s’éternisent pas sur l’aspect esthétique de l’objet… 9 sur 10 finissent en quelques minutes sur un tas de feuillets non lus abandonnés dans un couloir ou un coin de salle. Mais je me trompe peut-être.
- Quand même, le plastique, c’est plus attrayant.
- Alors, disons que le côté baguette-papier correspond plus à ma personnalité : j’aime bien l’aspect brut des choses, je ne suis pas trop ruban doré sur les papiers cadeaux, plastique autour des fleurs.
- Bon, moi, je disais ça, c’est pour vous…
- Et c’est très gentil de votre part. D’ailleurs grâce à vous je pourrai me dire que si ce manuscrit ne reçoit que des réponses négatives, ce sera avant tout à cause de la faiblesse de l’emballage. Cette petite consolation me sera très précieuse.