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  • Il n'y a pas de place pour l'espoir

    A chaque jour suffit sa peine, non ?

     

    Je répète après l’élève-maçon : A chaque jour suffit sa peine, oui.

     

    Vois, il n’y a pas de place pour l’espoir.

     

    Et c’est réconfortant. Pas de place pour l’espoir contient tous les possibles.

     

    Vois aussi : ne rien attendre ne signifie pas se résigner.

     

    Vois surtout : ne rien attendre libère de la somme des peurs inutiles, des angoisses paralysantes.

     

    Alors tu peux agir en toute tranquillité et laisser le soin à l’horizon de choisir ses propres couleurs.

  • l'entrebâillement

    - Vous ce n’est pas pareil, madame.
     
    Ils parlent des femmes en des termes qui font frissonner.
    Quand je leur fais remarquer que je suis une femme aussi, quand ils disent « les femmes ceci » ou « la femme cela », je me sens un peu concernée, ils répondent toujours :
     
    - Vous ce n’est pas pareil, madame.
     
    Et, c’est ma seule porte d’entrée, la seule ouverture, aussi minime, aussi fragile soit-elle. Elle existe. Elle est là. Pas question de la laisser se refermer. Je glisse mon pied dans l’entrebâillement et je garde ouverte la petite zone dans laquelle on peut commencer à avancer ensemble. Ce passage possible entre la pensée plaquée et la pensée à peu près libre.
     
    A peu près. Car nous-mêmes, adultes…
     
    Chaque jour, le job de l’entrebâillement. Chaque jour, chaque heure.
    Si je ne suis ni la maman ni la putain, alors je suis autre chose. Si cette autre chose existe et prend momentanément ma forme, peut-être existe-t-elle aussi sous d’autres formes, ailleurs. Terrain à explorer peut-être ?
     
    - Oui, peut-être… mais quand même, les femmes…
     
    Je m’accroche au « oui » et au « peut-être ». Je ne les abandonnerai pas là. Ils peuvent prendre appui sur moi sur la route. Même si c’est lourd, même si c’est fatigant.
     
    Tous les jours, faire le job.
     
    Sinon, quoi ?

  • Panique

    Bénédicte était en totale panique. Alors qu’elle était le soir-même l’invitée référente d’une table ronde intitulée « Sois belle et tais-toi : la publicité, antre du sexisme ? », Stanislas, son coiffeur attitré, lui faisait faux bond et elle ne parvenait pas à remettre la main sur son petit chemisier en soie vert assorti à ses yeux qui mettait si bien en valeur sa svelte silhouette.

  • La maman étanche

    7h10, ligne A, bébé dans sa poussette lève les yeux vers maman, son bonnet, ses écouteurs, son smartphone, son écharpe, son masque. C’est bon, il reste encore les yeux.
     
    Ah non, ils sont fermés.

  • les garçons

    Les garçons aussi ont besoin de nous
    les garçons ont besoin de nous
    au même titre que les filles
    les garçons ont besoin
    vraiment besoin
    ils ne sont pas plus forts
    ils ne sont pas plus sûrs
    ils ne sont pas plus solides
    non
    pas plus robustes
    l’élève écrit
    « à chaque fois que je la vois
    je recule d’un pas
    elle sourit quand elle me voit
    pourtant j'ai peur d’elle
    je recule d’un pas, vite »
    les garçons ont peur
    de ne pas être à la hauteur
    les garçons disent des bêtises
    sur les filles
    parce qu’ils n’y comprennent
    pas grand-chose
    souvent rien
    les garçons ont besoin de nous
    ils ne sont pas moins fragiles
    ils ne sont pas moins vulnérables
    les garçons aussi
    ont besoin
    d’être pris dans nos bras
    consolés
    protégés
    d’eux-mêmes parfois
    si on veut éviter la catastrophe
    la grande catastrophe
    du
     
    trop tard
     
     

     
  • Tour de passe-passe

    L’ami nous dit qu’il aime janvier car le printemps y est en germe, les oiseaux commencent leur migration, les éléments agissent en catimini mais préparent le grand chambardement visible, l’invisible déploie ses forces vitales à notre insu.

     

    Impermanence et retour. Processus cyclique mais festival de nouveautés. Le bourgeon sur la branche n’est jamais le même.

     

    Sur la route, l’ami ornithologue fait apparaitre des oiseaux dans les champs, les arbres et le ciel.

    Je n'essaie pas de deviner le tour de passe-passe.  Je me contente de Voir.

  • malgré tous les malgré

    bravoure de chaque instant
    le devoir de la joie
    tant que reste la lumière
    malgré tous les malgré
    qui ne manquent pas
    qui sont là depuis le début
    malgré tous les malgré
    pister la joie
    sans attendre que les autres
    sans attendre que le monde
    et malgré les jours
    qui assaillent
    ô qui mordent oui
    qui déchirent parfois
    malgré tous les malgré
    embrasser la joie
    coûte que coûte

  • le seul visage

    Face sans dents. Bouche tordue. Il parle à des voix invisibles dans un smartphone invisible.

     

    Je sais qu’il descendra à la station Grange-Blanche pour prendre une correspondance vers l’ancien « asile départemental d’aliénés », Le Vinatier.  

     

    Son regard de fou me traverse à plusieurs reprises sans me voir. Je m’y accroche.

     

    Premier visage inconnu, nu, sans masque, depuis longtemps.

  • lutte

    Si la colère qui t'anime
    est plus destructrice que créatrice,
    si la lutte que tu mènes,
    aussi légitime soit-elle,
    exclut plus qu'elle ne rassemble,
    si la lutte que tu mènes
    dépose dans ton cœur
    plus d'aigreur que de joie,
    alors…

  • Les voeux de la Mare Rouge

    2021 :
     
    Soyez toujours prêt à être surpris.
     
    Swami Prajnanpad.
     
     
    LOVE

  • L'esprit pop


     

    Si tu ne tends pas l’oreille, tu passeras à côté de ce que dit l’esprit pop.

     

    Tu auras vite fait de le prendre pour un inconsistant au cœur léger et superficiel là où il a juste l’élégance de ne pas faire peser sa mélancolie sur le monde.

     

    L’esprit pop dissimule l’humeur down down down derrrière une ritournelle grisante, un gimmick joyeux et entêtant.

     

    Et ça marche. Tout le monde fredonne la mélodie mais personne n’entend les paroles.

     

    Hummm ouhhh yeah pop pop yeah

     

    Tout va bien. Chacun passe son chemin.