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  • happy family

    La mère porte un casque relié à un smartphone qu'elle regarde sans lever la tête. L'enfant fouette le téléphone de sa mère avec sa lanière de sac à dos. La mère ne lève pas la tête. Elle fait défiler des images. Sur une vidéo, une femme échevelée hurle dans un manège à sensations. La mère rit et repasse plusieurs fois le film. Le garçon continue de fouetter le téléphone avec sa lanière de sac à dos. Elle ne lève pas le visage vers lui, elle fait défiler les images, elle rit avec les images, elle envoie un texto avec des émoticônes et les lettres MDR. Elle ne quitte pas l'écran des yeux. Il flagelle encore et encore le téléphone dans un rythme régulier sans jamais croiser son regard jusqu'à ce qu'elle lève enfin la tête vers lui :

     

    - T'es vraiment chiant.

  • no litote

    Un samedi matin, je dois apprendre à mon fils de dix-sept ans que son père vient de mourir. Il est 8h30. Je retarde le moment de le réveiller. Je ne sais pas comment faire, je ne sais pas quels mots utilisés, dans quel ordre les disposer. Je me rappelle une phrase de Brigitte Giraud dans son livre A Présent qui dit combien on n’est pas préparé à juxtaposer les mots « papa » et « mort » dans une même phrase. Énoncé inouï.

    Quelques heures après, dans une chambre d’hôpital, lui et moi découvrons le visage de la mort maintenu par un serre-mâchoire empêchant que la bouche ne reste bée. L’image est assez violente pour pulvériser toutes mes tentatives de protection verbales de la matinée. La mort ne s’encombre pas de litotes.

  • Villa Gillet

    Au parc de la Cerisaie, le couple de mariés debout sur le perron de la villa Gillet prend des poses devant la photographe d'événements qui s'impatiente :

     


    - Penchez la tête. Non, pas comme ça... la tête plus penchée, monsieur... non, ça ne va pas. AYEZ L'AIR amoureux !

     
     
     
     
  • Excuse-moi

    Je noie une araignée en répétant quatre fois « excuse-moi » alors qu’elle essaie courageusement d’échapper au filet d’eau du robinet en remontant vers le bord du lavabo. Je dis « excuse-moi » et je dirige plusieurs fois le liquide vers elle jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent.

    Bien sûr, ça n’a pas de sens. On ne s’excuse pas de tuer. On le fait ou on ne le fait pas. Le bourreau doit rester entièrement bourreau durant l’acte criminel. Il ne peut se défausser de son geste sans faire injure à sa victime.

    Le petit corps chiffonné sans plus de pattes finit dans le siphon. Pourtant, dans la maison, les gens rient et boivent du champagne comme si aucun drame existentiel n’avait lieu à l’instant même.

  • Lecture publique : La Mare Rouge

    Pour la sixième rencontre de Récits en chantier nous recevons Judith Wiart.

    Nous sommes tombées sous le charme de ses textes rencontrés tout d’abord sur les réseaux sociaux.
    Ce sont des textes brefs, des instantanés où elle observe le monde avec acuité et tendresse. Son regard aiguisé et amusé saisit toujours les travers cocasses de notre quotidien. Ses terrains d’observation sont variés : les bars, les rues, les transports en commun, la Croix-Rousse, le lycée professionnel…Nous sommes, chacun de nous, personnage des polaroïds de Judith Wiart car elle s’attache à tous, aux jeunes, aux vieux, aux couples, aux nouveaux pères, aux mères bobos, aux chats….

     

    Nous l’entendrons le jeudi 10 octobre à 19 heures à la galerie
    Jean Louis Mandon, 3 rue Vaubecour, 69002, LYON.

     

    ENTRÉE LIBRE.

     

    Elmone Saillard-Trepoz et Maryse Vuillermet