Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • mugs et t-shirts

    J’adore la chanson Le Chiffon rouge, non vraiment, j’adore. Je la connais par cœur et je la chante encore avec autant d’enthousiasme qu’il y a 43 ans. Parce que ça me projette dans le joyeux monde du milieu des années 70 dans lequel je me voyais entourée d’adultes passionnées et chaleureux. J’ai même encore beaucoup de tendresse pour les paroles gentiment utopistes de Maurice Vidalin.

     

    Mais si les chansons post 68 me font encore vibrer, c’est au même titre que la vision d’une vieille 2 CV verte croisée au hasard des rues. Mes poils se dressent d’émotion et puis je passe mon chemin pour revenir au monde d’aujourd’hui. Hop, à pieds joints dans la réalité de 2020 qui se gondole bien à l’écoute des chansons du Big bazar et du Flower Power.

     

    Non, mais entendez-moi bien : moi aussi j’aime la paix, l’amour et les fleurs, moi aussi je voudrais encore chanter : Ne crains plus rien, le jour se lève, il fera bon vivre demain, avec tout le sérieux de mes 7 ans. Ce n’est pas la question. Mais ce n’est plus possible. Pas comme ça.

    Dès l'instant où des mugs et des t-shirts à l'effigie de Che Guevara ont été mis en vente dans les vitrines des centres commerciaux, on aurait dû flairer l'entourloupe et balancer des grenades. A la place, on a porté les t-shirts et on a bu notre café dans les mugs.

     

    Je suis sortie de l’adolescence (un peu tard), j’ai étreint une dernière fois mon idéalisme hanté d’idoles mortes avant de le regarder s’éloigner sans regret.

     

    Et je me dis, aujourd'hui, qu'il n’est peut-être pas trop tard pour inventer la nouvelle la B.O. de nos manifs.

  • Jambon et 4 L

    J’ai toujours connu Maurice Crampon dans sa salopette en jean, la même que celle de Coluche ; il était petit, râblé, menuisier et communiste et quand il nous gardait après l’école, c’est devant la charcuterie qu’il garait la voiture à l’heure du goûter. Bougez pas les filles, je reviens ! Stéphanie et moi mangions les tranches de jambon géantes avec les doigts à même le papier gras, enfoncées dans les coussins arrière de la 4 L.

    Maurice sur la route qui nous conduisait à la Mare Rouge chantait à tue-tête des chants révolutionnaires, Gitane sans filtre au bec, toutes fenêtres ouvertes. Son grand jeu pour nous faire rire était de tourner rapidement le volant de gauche à droite pour faire des secousses qui nous envoyaient valdinguer d’un bout à l’autre des sièges parce qu’on n’avait pas de ceinture de sécurité. On essuyait nos mains grasses sur nos vêtements et sur le tissu de la banquette arrière en braillant le refrain du Chiffon rouge, la fumée de cigarette finissait par former un épais brouillard dans l’habitacle. Souvent à l’arrivée je vomissais, juste avant de m'élancer vers le plus grand toboggan du monde.