Le directeur de l’association artistique me dit : « Et dans mon équipe, il y aura essentiellement des femmes. »
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Parce que je veux valoriser les femmes, les rendre plus visibles.
- Ah.
- Oui, les femmes apporteront une autre vision, elles ont un rapport au monde différent, plus sensible.
- Ah ? Les femmes ont un rapport au monde plus sensible ?
- Oui, c’est sûr. Et le rapport au pouvoir est différent aussi.
- Vous pensez que dans une équipe essentiellement féminine les rapports de pouvoir seront atténués ?
- Oui, bien sûr.
- Vous êtes sérieux ?
- Pardon ?
- Non, rien.
- Vous n’avez pas l’air convaincue. Vous ne croyez pas à la discrimination positive ? A la parité ? Aux quotas ?
- Oui... et non.
- Comment ça ? Mais vous n’avez pas confiance dans « la femme » ?
- Autant que dans « l’homme » : je crois en l’individu responsable. Et en la mixité à tous les niveaux, sur tous les plans. Si vous donnez le pouvoir à un groupe quel qu’il soit, les mêmes mécanismes se mettent en branle, ce n’est pas une question de genre.
- Hé bien moi, je suis féministe, je soutiens la lutte des femmes. Vous devriez être reconnaissante !
- Pas sûre qu’elles vous aient demandé quelque chose. Mais ça part d’une bonne intention. C’est gentil de votre part.
- Vous vous foutez de moi ?
- Non, cela ne se peut. Les femmes sont des êtres sensibles et sans malice.
- Bien, je crois qu’on va s’arrêter là.
- Vous ne me voulez pas dans votre harem finalement ?
- MON ASSOCIATION ARTISTIQUE !
- Oui, pardon, je suis confuse, je m'emmêle encore les pinceaux, quelle gourde je suis...