Bien sûr que non, la poésie ne sauvera pas le monde.
Bien sûr que non, l’artiste ne se lève pas le matin en se disant qu’il va changer quoi que ce soit de ce bordel ambiant.
La plupart du temps, il va aux toilettes, boit son café très chaud, se brûle un peu les lèvres, sent l’amertume dans sa gorge, se dit qu’il n’a jamais tant aimé le café que cela mais qu’il en a besoin pour commencer.
La journée sera sûrement moyenne, comme d’habitude. S’il parvient à écrire quelques lignes, à laisser quelques traces sur la toile, à saisir un truc du temps ou de l’espace, ce ne sera déjà pas si mal. C’est tout.
Les slogans ne l’intéressent pas.
Le monde, lui, fait sa vie de son côté. Il tourne sur lui-même dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Quelque part, l’antilope est chassée par la lionne et la lionne nourrit ses lionceaux.
L’artiste, pendant ce temps, fait ce qu’il peut pour évoquer une goutte d'eau.
Photographie : Candy Genetine