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  • Pickled egg

    Juillet 1989, pour Hervé, a un goût d’œuf au vinaigre. Il couche pour la première fois avec une fille. Elle ressemble à la chanteuse des Bangles. Elle s’appelle Rosemary. C’est l’année de Eternal Flame. Il avait imaginé ça autrement. Le lendemain au pub elle ne lui adresse pas la parole, elle rit avec ses copines - qui ressemblent aux autres Bangles - et elle passe la soirée à jouer aux fléchettes avec un allemand à la tête rouge qui porte un t-shirt Gun’s and Roses.

    La veille, sur une plage de Broadstairs, ils ont mangé des pickled eggs et du fish & chips à même le papier graisseux avec les doigts. Rosemary lui a fait lécher ses phalanges qui ont un goût de poisson pané et de vernis à ongle. Puis, plus tard, l’amour sur une couverture impression cachemire sous des posters de stars du hit-parade. Elle le guide, un peu énervée, comme quelqu’un qui apprendrait à conduire à un novice en lui indiquant sans patience les panneaux de direction et les sens interdits. Elle l’engueule quand il loupe un embranchement, elle rit au moment où il réussit une manœuvre. A la fin, il ne sait plus s’il fait bien ou mal. Sa maitrise de l’anglais n’est pas encore très fluide. Il ne sait pas non plus si elle a joui. Elle se rhabille prestement en disant que ses parents vont rentrer, du moins, c’est ce qu’il comprend. De dos, devant la fenêtre tandis qu’elle rattache à la va-vite son soutien-gorge, elle lui paraît si petite, si frêle... Une fée Clochette sous speed.

  • Princess of the street

    Karen a une tête de feu d’artifice de 13 juillet.
    C’est pas si mal mais ça ne vaut pas celui du 14.
    Le pétard du 13 juillet
    a des coups de soleil sous Biafine
    et des marques de bronzage sous la bretelle de soutien-gorge.

    A vingt ans ils disent « Karen a la beauté du diable »
    nœuds dans les cheveux
    œil au eye liner
    robes à volant achetées
    chez l’oncle qui tient un stand
    sur le marché de Givors.
    Elle porte fière
    comme la Bernadette Lafont
    de La Fiancée du pirate
    comme la princesse déglinguée
    des Stranglers.
    Elle fait pleurer les garçons.

    Karen n’a jamais raté un feu d’artifice du 13 juillet.
    Elle danse au bal
    sur la place de la mairie
    en enfonçant ses ongles dans les cheveux
    comme le faisaient les stars du Top 50
    un kir-pêche à la main
    servi dans un verre en plastique
    au stand de l’oncle qui tient la buvette.

    Ils disent « Karen la vieille dingue »

    Seul le diable sait encore

    Karen
    Karen

    “Yeah she's the queen of the street
    What a piece of meat”