Tu as une odeur de gitane et de whisky
tu cuisines des plats du dimanche le dimanche et des spaghetti le samedi midi
tu joues de la clarinette, du saxophone et du banjo
tu écoutes France Inter
tu fais de la sérigraphie et de la photographie
tu écoutes Les Nocturnes de Chopin, la sonate en A major de Schubert, la 7e de Beethoven
tu prépares du Quaker avec un jaune d’œuf dedans pour les petits déjeuners de jour d'examen
tu dis C'est toi qui paies EDF ?
tu dis C'est des chanteurs ça ? en entendant Indochine et Cure
tu m'offres le coffret de Brel pour noël, le coffret de Piaf pour mon anniversaire, le coffret de Brassens pour rien
tu écrases le chat sans le faire exprès (il s'est caché sous le moteur) et tu n'oses pas nous le dire
tu m'aides à faire mes devoirs de maths et tu utilises des briques de Légo pour que j'y comprenne quelque chose
tu ne veux pas qu'on entre dans la cuisine quand tu cuisines
tu dis C'est un plat fait avec amour mais tu ne dis pas Je t'aime
tu pleures quand mon cousin Laurent meurt à l'âge de 10 ans
tu pleures quand tu apprends que tu es licencié
tu as un rupture d'anévrisme, une première crise cardiaque, un pontage, une deuxième crise cardiaque.
Un jour, tu meurs. Je cours chercher ton voisin pasteur qui lit le psaume 22 à ton chevet tandis que je te tiens la main. Je me demande si j'ai bien fait mais c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit ce jour-là.
Tu me pardonneras.