Un sacré drôle que celui-ci.
Souviens-toi, il passait son temps à pester contre la superficialité, la versatilité, la méchanceté, la vénalité des femmes, ne recherchant dans le même temps que la compagnie du genre de créatures qui le menait systématiquement à sa perte. Ce qui m'a toujours paru étrange, c'est qu'il n'ait jamais fait le lien entre son goût passionné pour les femmes fatales, les bimbos, les femmes-enfants et son dégoût pour toute l'engeance XX. Il est pourtant évident que la fréquentation assidue de ces sortes d'êtres ne pouvait que le conforter dans sa misogynie.
Nous avons bien essayé de l'aider, un moment, rappelle-toi. Nous lui avions présenté une jeune femme curieuse, intelligente, jolie, altruiste et vive. Quel était son prénom, déjà ? Barbara ? Une chouette fille, bibliothécaire spécialisée dans la littérature de jeunesse. Ça a duré combien de temps ? Un mois, deux ? Il l'a quittée pour une Valériane aussi cruelle que sexy qui lui a fait cracher ses dents. Barbara avait "toutes les qualités qu'un homme pouvait attendre d'une femme" mais elle était "trop gentille" et "elle portait des pantalons". Ce furent ses mots. Il fallait que les jambes soient immédiatement visibles, que la silhouette soit, dans l'instant du premier regard, remarquable et attirante. La sophistication, voilà ce qu'il appréciait chez LA femme. Qu'elle prenne soin d'elle et même beaucoup plus. Bref.
Il est sorti, ensuite, avec Pamela, une carriériste peroxydée, Florence, une femme-ado capricieuse et tyrannique et Bérengère, une magnifique quadragénaire chef d'entreprise perverse narcissique dressée sur des Louboutins.
Toutes ces aventures n'ont fait que mener à son paroxysme sa détestation des femmes.
Il vit seul à présent. Je le sais par une collègue de travail qui est devenue sa voisine de palier. Une femme célibataire, sensible, naturelle et pleine de charme qui n'a donc aucune chance de lui plaire.