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  • Impermanence

    Tout bouge, tout fuit, l'impermanence est un pied de nez à toutes tes tentatives de fixité.

    Chaque portrait sur Instagram est une face de mort. 

    Chaque photo est le témoin précaire de ton passage :

    le selfie dans la salle de bain,

    la main sous le menton,

    le chat sur l’épaule,

    la petite fille en robe rouge qui pleure devant le portail de la maison,

    le couple d’amoureux qui s’enlace sur la grève…

     

    Milliards de clichés flottant dans le vide. Toutes nos légendes sur les chemins, nos sourires à peine punaisés déjà biffés.

     

    Mais demain te retrouvera dans les cascades, les pierres, la boue, les souches et les marées.

  • Vestiaire

    Dans ce vestiaire de salle de sport, tandis que la jeune fille de vingt ans se contorsionne dans sa serviette pour ne pas laisser paraitre un sein parfait de vingt ans, la vieille femme déambule nue une brosse à la main, allant et venant du casier à la douche, leste et légère dans son corps de vieille femme, peau molle et tranquille, fesses nonchalantes, seins paresseux, cheveux gris et poils blancs.
    Elle se déplace, ici et là, nue, dans son corps de vieille femme qui n’a rien à nous dire de plus ou de mieux.

  • Fifi

    Mon temps n’est plus à
    la tragédie,
    aux cris,
    aux plaintes,
    à l'élégie.
    Phèdre me fait bâiller.
    Fi de ses lamentations
    de sa passion fatale,
    de sa machine à deux balles.
    Fi des dieux et des prophéties.

     

    Grave faute de goût
    que le goût du malheur.

     

    Fi des images complaisantes
    des formules toutes faites
    piquées au dos

    des quatrièmes de couverture
    et jamais ingérées,
    juste recrachées.

     

    Crachat dans le néant.

     

    Tu dis Amour
    Tu dis Paix
    Tu dis Âme

     

    Tu gonfles des ballons
    tout prêts à éclater.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Illustration : Sarah Bernhardt dans le rôle de Phèdre, 1874.

  • Part-Dieu-Perrache

    A chacun sa gare, mon Amour.
    La tienne, c’était Perrache.
    La mienne, c’était Part-Dieu.

    Même pas des gares qui riment.

    Toi aussi, tu les as eus
    tes joueurs de djembé,
    tes plans Vigipirate,
    tes caméras de sécurité,
    tes fumeurs de tout,
    tes lignes de fuite,
    tes valises piégées.

    De gare à gare,
    on n’avait qu’un arrêt.

    Si on avait su…

    Le Lyon Part-Dieu-Lyon Perrache.
    Pris sur le tard.

    Mais à l’heure.
    Terminus.

    31 536 000 minutes d’arrêt.

  • Fève tonka

    On guette, on est sur le qui-vive, on protège ses arrières mais ça se passe ailleurs. Le champ qu’on croyait miné est vierge. Le champ qu’on pensait sauf est piégé. On s’attend au pire : on a raison. Et on a tort. Car rien n’arrivera comme on l’a imaginé. Parce qu’on n’est pas dieu. Parce que la vie est un grand fracas de tout et qu’on est le centre de rien. Parce que le sens nous dépasse. Parce que la vie n’a pas vocation à être juste. Les bourreaux s’en sortent. Les plus méritants ne sont pas ceux qui arrivent. Les pauvres restent pauvres. Et puis, les agios, les subprimes... Et puis, les guerres et les chaos... Le grand cri universel inouï.

     

    Il n’y a qu’une chose à faire, qui tient en un mot que je ne dirai pas mais qui ressemble au parfum de la fève tonka mêlé à une vision de mer.

    Entende qui pourra.