L'été 1986, en Auvergne, vers Brioude, au camping de la Villette, je me suis baignée dans l'Allier avec ma soeur, mon père et ma mère comme de nombreux étés.
J'ai nagé dans l'eau fraîche un moment, puis je suis revenue sur la rive. Je me suis alors rendu compte que j'avais perdu l'alliance de ma mère, qui était à mon annulaire droit. Un gros anneau d'argent qu'elle m'avait prêtée (comme elle me prêta, plus tard, une bague de fiançailles à pierre mauve que je perdis de nouveau).
Je n'osais pas avouer tout de suite cette perte à mes parents. Je tentais, dans un premier temps de retourner à l'eau seule pour fouiller le fond vaseux et pierreux , mais la quête me parut rapidement absurde et vaine.
Mon père était furieux, d'abord contre ma mère qui m'avait confié l'anneau de mariage, puis contre moi et ma négligence fautive.
Nous l'avons cherché, un temps, à quatre, nous avons soulevé les pierres, parcouru plusieurs fois le court chemin qui liait notre emplacement à la rivière, ce fut inutile.
La rivière m'avait volé ma bague.
Dans la famille, les alliances des femmes sont avalées par les herbes et les eaux.