Les personnes qui m’apprennent le plus à vivre sont de moins en moins celles qui me servent des discours oraux ou écrits mais celles dont la vie elle-même, dont les actes, la relation aux autres et au monde parlent pour elles.
Me lier d’amitié dans mon enfance avec une auteure de littérature de jeunesse comme Nicole Vidal qui, à 54 ans, parcourait le monde à moto seule, s’intéressait aux autres au point de leur consacrer du temps et des livres, vivait de son écriture et de petits boulots, m’a certainement beaucoup plus marqué dans ma construction que tous les discours édifiants entendus avant et après sur le féminisme, par exemple. Elle n’a pas cherché à me convertir par la parole ; ses choix de vie étaient suffisamment éloquents pour m’interpeller. Pas de pancarte, pas de slogans. Pas de tricherie.
Les harangues, les argumentaires et autres prédications ne me convaincront jamais autant, quelle que soit leur pertinence, que l’observation d’une vie : cet homme, cette femme travaille au quotidien pour tendre à une certaine liberté intérieure qui fait de lui, d’elle, un être non pas parfait mais cohérent. Là me semble la justesse, aujourd’hui – moi qui ai longtemps été bluffée par la puissance stylistique ou rhétorique - mettre les mots au défi des actes.
Et, bien sûr, en conséquence, mettre mes propres mots à l'épreuve de mes propres actes, tant que faire se peut. L'ultime gageure.