Lors la messe de minuit, au moment de l’eucharistie, je reste assise sur le banc car je n’ai pas le droit de tendre la langue pour recevoir l’hostie : je n’ai pas fait ma communion. Depuis l’enfance, je suis frustrée de ce goût. A l’âge de 10 ans, je demandais déjà autour de moi : quelle est la saveur de l’hostie ? « Ça a le goût de pain sans sel » « C’est fade » « Ça colle au palais » « C’est pas bon » Aucune réponse, aussi dissuasive soit-elle, ne m’a jamais éloignée de ce sentiment de privation. Bien sûr, la solution pour combler ce manque serait de me glisser dans la file des communiés, un jour de noël. Mais une grande main invisible me plaque au sol et me stoppe dans mon élan à chaque tentative de rébellion.
On ne la lui fait pas à l’envers aussi facilement, il faut croire.