Quand l'exocet, dit "poisson-volant", tente d'échapper à son principal prédateur marin, la dorade-coryphène, il s'éjecte hors de l'eau et plane quelques secondes au-dessus des vagues. C'est juste le temps qu'il faut à la frégate du Pacifique pour le repérer, s'élancer vers lui et entreprendre de le saisir au vol. L'exocet plonge alors dans l'océan et se voit de nouveau chassé par le carnassier des mers chaudes qui ne lui laisse aucun répit.
Il jaillit dans le ciel, exécute un saut de l'ange dans la houle, s'élance hors de l'eau, plonge, nage, saute, vole, chute, nage, vole... Sa danse ininterrompue entre flots et nues est un ravissement pour les yeux des observateurs munis de longues vues et jumelles.
Bien sûr, ne comptez pas sur moi pour arguer une quelconque leçon du théâtral destin du poisson-volant.
Illustration : Alfred Moquin-Tandon, alias Alfred Frédol, "Le monde de la mer" en 1866 : Planche XXVI, Poissons volants, dorades et albatros.