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Le retour

Hier, au hasard d'une rue, j'ai revu le père-croix-roussien-de-50-ans-qui-a-refait-sa-vie. Je ne l’avais pas croisé depuis deux ans. Je l’ai trouvé plus âgé (de deux ans) et plus fatigué.
 
Non. Plus las.
 
L’enfant, lui de son côté avait grandi et, assis à ses pieds, hurlait de tous ses poumons son refus de quitter le bitume auquel il semblait soudé. Toute tentative de décollement s’accompagnait de cris stridents, toute tentative d’apaisement ne faisait que renforcer la plainte furieuse. A leur côté, un adolescent caché derrière un rideau de frange, consultait, blasé, son smartphone.
Il s’est mis à pleuvoir. Le petit s’est égosillé de plus belle. Le grand a haussé les épaules. Le père a chassé d’un geste furtif des gouttes de pluie de ses joues. Ou était-ce des larmes ?
 
Quoi qu’il en soit, tel Bill Murray, le père-croix-roussien-de-plus-de-50-ans-qui-a-refait-sa-vie semble encore et toujours condamné à revivre son Jour sans fin à lui, jusqu'à ce qu'il comprenne quelque chose.
 
Mais quoi ?
 

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