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l'entrebâillement

- Vous ce n’est pas pareil, madame.
 
Ils parlent des femmes en des termes qui font frissonner.
Quand je leur fais remarquer que je suis une femme aussi, quand ils disent « les femmes ceci » ou « la femme cela », je me sens un peu concernée, ils répondent toujours :
 
- Vous ce n’est pas pareil, madame.
 
Et, c’est ma seule porte d’entrée, la seule ouverture, aussi minime, aussi fragile soit-elle. Elle existe. Elle est là. Pas question de la laisser se refermer. Je glisse mon pied dans l’entrebâillement et je garde ouverte la petite zone dans laquelle on peut commencer à avancer ensemble. Ce passage possible entre la pensée plaquée et la pensée à peu près libre.
 
A peu près. Car nous-mêmes, adultes…
 
Chaque jour, le job de l’entrebâillement. Chaque jour, chaque heure.
Si je ne suis ni la maman ni la putain, alors je suis autre chose. Si cette autre chose existe et prend momentanément ma forme, peut-être existe-t-elle aussi sous d’autres formes, ailleurs. Terrain à explorer peut-être ?
 
- Oui, peut-être… mais quand même, les femmes…
 
Je m’accroche au « oui » et au « peut-être ». Je ne les abandonnerai pas là. Ils peuvent prendre appui sur moi sur la route. Même si c’est lourd, même si c’est fatigant.
 
Tous les jours, faire le job.
 
Sinon, quoi ?

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